Les nombreux détracteurs de Star Wars: The Last Jedi pourront revenir tranquillement au bercail alors que Solo: A Star Wars Story a été pensé spécialement pour eux.
Chaque antépisode en solo (excusez-la!) de cette saga intergalactique s'amuse à explorer un genre différent. Du film de guerre du précédent Rogue One, on passe au western avec Solo. Normal, Han Solo est un cowboy au coeur tendre et, à l'image de John Wayne avant lui, il tâchera de retrouver son amoureuse en se frottant à des méchants et à des traîtres. On retourne ainsi aux jeunes années du personnage le plus populaire de la franchise, à sa première rencontre avec ses amis et à la manière dont il a obtenu le Faucon Millénium, son fameux pistolet laser et même son nom de famille. De quoi effacer de nos souvenirs son horrible disparition à la fin de The Force Awakens.
Évidemment, personne ne pourra faire oublier son mythique interprète. Alden Ehrenreich (Hail, Caesar!) fait l'impossible pour y parvenir, usant de mimétisme dans sa façon de cabotiner comme Harrison Ford. L'effort est louable sans être totalement convaincant, car l'essence de l'icône - son cynisme, sa personnalité - manque parfois à l'appel. On lui préférera Woody Harrelson en mentor hors-la-loi ou Donald Glover en flamboyant Lando Calrissian (et un morceau de robot pour son émouvant droïde).
À l'origine, ce long métrage devait être réalisé par Phil Lord et Chris Miller, les créateurs des délirants 21 Jump Street et The Lego Movie. C'était avant que la présidente de Lucasfilm se ravise et les remplace par la vision beaucoup plus terre-à-terre et fonctionnelle - certains diront sans personnalité - de Ron Howard. Cela paraît dans le traitement, qui obéit trop souvent à un cahier de charges. Ici, il y aura une des nombreuses mais interchangeables scènes d'action spectaculaires, alors que là se retrouvera un gag bon enfant.
Solo: A Star Wars Story ne se prend pas au sérieux et il s'avère un des films les plus légers de la série, Les écrits du vétéran Lawrence Kasdan (c'est lui qui a scénarisé The Empire Strikes Back) et de son fils Jonathan sont extrêmement lisses et formatés (la pauvreté des dialogues saute aux yeux), cumulant les poursuites et les affrontements sans développer aucune histoire probante. L'antihéros est déjà doté de la même courbe dramatique que dans les épisodes 4 à 7 et il vit des situations similaires. Au moins, il y a Chewbacca et ses cris uniques pour le remettre à sa place. Surtout que les deux développent une bromance attendrissante après un hilarant premier contact à la Thor: Ragnarok.
Alors que The Last Jedi osait prendre des risques en détournant la formule traditionnelle, Solo ne fait que la reproduire avec une certaine efficacité. Sans être inventive, la mise en scène demeure au point (gros bémol cependant envers la musique de John Powell, bien fade à côté de celle de John Williams) et c'est suffisamment divertissant pour qu'on n'ose pas trouver le temps trop long. Sauf que le résultat final, on l'a déjà vu à maintes reprises. Rien ne se démarque, ne sort du lot, si ce n'est qu'on commence à s'ennuyer de George Lucas.
Peut-être que c'est ce qu'il fallait après le mésestimé épisode 8, qui en a fait tourner plus d'un en bourrique. Remettre les compteurs à zéro en renouant avec la tradition et ainsi revenir dans les bonnes grâces des fans, avec une finale forte en gueule qui s'ouvre inévitablement sur une suite. Mais Star Wars, c'est bien plus que des effets spéciaux soignés et des batailles enlevantes. Il y a quelque chose de primordial qu'on appelle l'âme, un élément intrinsèque trop souvent occulté dans les derniers dérivés de la série.