Vu au Festival du Film de Toronto 2016.
J'avais très hâte de découvrir le Snowden d'Oliver Stone, et c'est peut-être ces attentes excessives qui ont encouragé ma profonde déception envers ce drame biographique sur l'un des personnages américains les plus controversés de la dernière décennie.
Snowden manque d'âme et de caractère. Le film est verbeux, trainant et froid. Bien qu'on brosse le portrait d'un individu plutôt flegmatique, rien n'oblige l'oeuvre entière à adopter ce caractère détaché et mélancolique. Il serait facile de dire que Joseph Gordon-Levitt n'apporte pas suffisamment de substance à son personnage pour qu'on s'y attache, mais la faute revient davantage au réalisateur qui n'a pas su saisir et/ou transmettre l'urgence et l'importance des actes de Snowden pour la conscience collective.
Gordon-Levitt se débrouille assez bien, même si son personnage manque un peu de caractère. L'acteur a légèrement modifié sa voix afin que celle-ci s'approche davantage de celle de Snowden. Même si on est d'abord surpris par ce choix artistique, le résultat s'avère plutôt réussi. Le comédien a su bien dépeindre à la fois l'insouciance et l'intelligence du protagoniste. Bien que le public ne soit pas particulièrement sensible à la cause du personnage, ce dernier reste fort crédible. Gordon-Levitt a habilement portraituré le geek mordu d'informatique qu'était - et qu'est toujours probablement - Edward Snowden.
Oliver Stone a choisi une facture visuelle chargée. Le cinéaste multiplie les effets lourds et superflus (mentionnons cette séquence lors de laquelle Snowden s'avance dans la lumière jusqu'à ne devenir qu'une silhouette fantomatique ou ces nombreux reflets dans l'écran de l'ordinateur, dans une fenêtre ou les rideaux qui n'apportent rien de bien pertinent à l'histoire). Précisons également que les nombreux déplacements sur la ligne du temps finissent par devenir laborieux.
Reste que tout du nouveau film d'Oliver Stone n'est pas complètement raté. L'histoire d'Edward Snowden en est une captivante, et d'apprendre les origines de ce personnage contesté et son amour profond et sincère pour son pays nous amène à poser un regard différent sur son destin. Les images de l'interrogatoire avec le détecteur de mensonges, qui reviennent à plusieurs moments dans le film pour ponctuer l'histoire, sont très efficaces. Les réponses qu'offre Snowden aux questions qui lui sont posées nous démontrent son patriotisme et sa sincérité.
Est-ce que ce film aidera Snowden à rentrer au pays comme le souhaite le réalisateur? Probablement pas. En ce sens, le fabuleux documentaire Citizenfour (qu'on vous conseille chaudement!), qui est d'ailleurs l'assise de la fiction d'Oliver Stone, pourrait avoir davantage d'impact sur le sort de l'informaticien que ce drame biographique à moitié réussi.
Trop bavard, confus, Snowden ne comble malheureusement pas les attentes. On aurait aimé être secoué par Snowden, qu'il engendre une sincère réflexion sur l'espionnage et l'hypocrisie de l'État, mais ce n'est pas le cas. Dommage...