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Choses non négligeables mais mal traitées.
On avait envie de l’aimer bien davantage ce film irlandais réalisé par le belge Tim Mielants avec l’acteur du cru le plus en vogue du moment, Cillian Murphy tout juste auréolé de son Oscar du meilleur acteur pour « Oppenheimer ». Surtout qu’invoque un sujet sensible qui a traumatisé le pays il n’y a pas si longtemps et qui se révèle aussi passionnant que bouleversant. Comme dans l’inoubliable « The Magdalene Sisters » de Peter Mullan il y a plus de vingt ans, « Small things like these » tente de revenir sur ces couvents pour jeunes femmes où les filles-mères étaient envoyées de manière à accoucher discrètement. Elles y travaillaient gratuitement et de manière intense en plus de voir leur progéniture vendue à de riches parents adoptifs. La façon dont était traitées ces jeunes filles a choqué le pays lorsqu’est ressorti le scandale. Ces « blanchisseries Madeleine » comme on les appelle en français hantent encore l’inconscient collectif irlandais, notamment pour l’insalubrité des lieux dans lesquels vivaient les jeunes filles, mais aussi l’absence de soins prodigués ou encore les punitions et humiliations subies en passant par l’absence de sépulture digne. Malheureusement, ce petit film ne rend pas vraiment honneur à cette affaire contrairement à son illustre aîné.
À force de non-dits, de retenue et d’un film qui a bien du mal à rentrer dans le vif du sujet, on finit par littéralement trouver le temps long malgré la courte durée de « Small things like these ». Par ailleurs, on ajoute à cela un rythme extrêmement lent qui ne fait rien pour contredire ce sentiment et un aspect presque contemplatif qui ne colle pas vraiment au sujet. Et lorsque, enfin, dans le dernier tiers, il commence véritablement à se passer quelque chose et qu’on entre dans l’intimité de ce couvent, la manière trop tiède et détachée de traiter la chose se révèle contre-productive. On a l’impression que le cinéaste a eu peur d’affronter l’horreur de ces lieux frontalement et a choisi la suggestion de manière excessive au point de se détourner du son sujet. Sauf que, conséquemment, on n’est ni bousculé et encore moins ému par ce qui se trame.
Pire, quand il se passe vraiment quelque chose d’intéressant, « Small things like these » se termine, nous laissant sur un sentiment de frustration. On en serait presque interloqué tant l’accumulation de ces différents choix narratifs hasardeux sont étranges. Il est certain que la sobriété a parfois du bon mais là c’est trop. Et comme on est face à un long-métrage qui fait en plus le choix d’être très austère sur le fond mais aussi sur la forme, on ne mentira pas en affirmant que c’est une projection quelque peu fastidieuse et déplaisante sur bien des aspects. Cependant, on ne peut nier que, dans le genre, la mise en scène millimétrée, clinique et aux couleurs à la fois chaudes mais sombres comme cette Irlande ouvrière des années 80 a quelque chose d’esthétique. De tristement beau dirait-on. Et, bien sûr, on ne peut que saluer la prestation de Cillian Murphy, impeccable en homme taiseux mais empathique dont l’enfance résonne avec ce qu’il voit dans ces couvents. Sa confrontation avec une Emily Watson délicieusement perverse et bigote en bonne sœur tyrannique demeure le meilleur moment d’un film tout de même peu convaincant.
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