Shrek n'est peut-être pas le roi du cinéma d'animation, mais c'est certainement la révolution la plus importante qu'il ait connu depuis l'invention même de l'animation par ordinateur. Multiplier les références, admettre le processus de création et de manipulation; Shrek était un manifeste postmoderne efficace et séduisant, rythmé, drôle, unique. Mais après avoir sauvé la princesse de la plus haute tour du château, après avoir rencontré ses parents, Shrek a fait le tour du jardin. Le roi est mort.
Cette fois-ci, l'ogre Shrek est appelé à monter sur le trône après le décès du roi Harold. Comme il préférerait grandement retourner dans son marais pour vivre paisiblement avec Fiona, il décide de s'embarquer avec l'âne et Chat-Potté pour retrouver Arthur, l'autre héritier légitime du trône. Prince Charmant profite de l'absence de Shrek pour envahir la ville et prendre les habitants de la ville en otage.
Disons-le d'emblée : rien à voir. Shrek le Troisième n'a rien à voir avec les savoureux deux premiers volets. Là où la critique était sans pitié, où on ridiculisait les clichés « disneyesques » des films d'animation classiques, Shrek le Troisième manque de vigueur. Là où les enfants - et les adultes - avaient l'impression qu'on ne les prenait plus pour des idiots, Shrek le Troisième n'a à offrir que quelques blagues de mauvais goût. Et là où les personnages séduisant par leur attitude, Shrek le Troisième ne fait rire que par clins d'oeil. Il est devenu ce qu'il a toujours dénoncé : un film pour enfants moralisateur, trop classique et sans vraie direction.
Shrek le Troisième est exactement là où on l'attend, et ce n'est pas du tout une bonne nouvelle. Il ne surprend plus, se parodie lui-même, enchaîne les clichés. Mélancolie du temps passé d'un vieux royaliste? Plutôt le réveil endolori d'un républicain idéaliste. Une troisième aventure qui est franchement affaiblie par des personnages de peu de moyens - le jeune Arthur tombe rapidement dans la complaisance, Merlin n'est qu'une parodie - et qui n'a que ses qualités techniques pour impressionner. De ce côté-là le résultat est effectivement à la hauteur.
Oui, Shrek le Troisième a quelques bons moments dispersés; le reste est saboté par la version française venue directement de France, que même un Québécois bien intentionné ne peut saisir entièrement. En fait, les expressions utilisées sont impossibles à saisir tellement elles pigent dans le jargon. Il y avait eu Madacasgar l'an dernier pour nous rappeler les différences culturelles bien réelles entre le Québec et la France; cette année, Shrek le Troisième risque de passer par-dessus une majorité d'enfants qui ne comprendront encore « que dalle ».
Pourtant, les références populaires sont puériles et les blagues simplement mauvaises. Les personnages trahissent leur nature profonde et sont ce qu'ils ont toujours dénoncé : des clichés aux préoccupations réalistes. L'anthropomorphisme est poussé au maximum. Et ça, quand on fait un conte de fées, c'est une bien mauvaise idée. Le roi est mort... vivement la retraite.
Disons-le d'emblée : rien à voir. Shrek le Troisième n'a rien à voir avec les savoureux deux premiers volets. Là où la critique était sans pitié, où on ridiculisait les clichés « disneyesques » des films d'animation classiques, Shrek le Troisième manque de vigueur. Là où les enfants – et les adultes – avaient l'impression que ne les prenait plus pour des idiots, Shrek le Troisième n'a à offrir que quelques blagues de mauvais goût. Et là où les personnages séduisant par leur attitude, Shrek le Troisième ne fait rire que par clins d'œil. Il est devenu ce qu'il a toujours dénoncé : un film pour enfants moralisateur, trop classique et sans vraie direction.