Après un troisième opus désagréable et affreusement consensuel - pour le dire simplement, juste « raté » - Shrek fait un retour en force. Alors que les deux premiers volets étaient des bijoux d'inventivité et de créativité (probablement les films d'animation grand public les plus « matures » du cinéma hollywoodien), le troisième film délaissait tout ce qui faisait son charme pour raconter une histoire de conte de fées comme toutes les autres. Heureusement, Shrek 4 il était une fin rectifie un peu le tir, retrouvant un peu de sa jeunesse (de moins en moins) d'antan. Un peu.
L'ogre Shrek vit difficilement sa vie de famille rangée. Il regrette l'époque où il terrifiait les visiteurs de son marécage, où il évoquait la crainte de la terreur. Un malicieux petit homme aux grandes ambitions lui fait donc une proposition qu'il ne peut pas refuser : un jour de rêve contre un jour de son passé, celui de sa naissance. Lorsqu'il signe le contrat, Shrek est propulsé dans un univers parallèle où il n'existe pas. Afin de retrouver sa vie d'avant, il doit absolument embrasser Fiona avant le lever du soleil. Mais cette dernière est occupée à mener la révolution des ogres contre le tyran qui dirige maintenant le royaume.
L'installation de cette quatrième aventure se fait difficilement. Il faut plusieurs tours de passe-passe, des flashbacks et des retors narratifs pour installer les prémisses de cette histoire de monde parallèle. Vaut mieux cela que l'histoire stéréotypée du troisième film. Et une fois ce passage obligé terminé - trop d'« évidences » parsèment le récit : la vie de famille, c'est pesant, être père, c'est prendre ses responsabilités, changer une couche, ark!, etc. - le film se transforme en un film d'aventures palpitant et tous les personnages, de l'âne chanteur au Chat Potté obèse, participent à son élaboration sans anicroche. Bravo, on n'en espérait pas tant.
La crise de la quarantaine que vit Shrek est décidément ancrée dans le monde réel, sans que cela ne la rende moins divertissante. On s'amuse et on parvient même à s'étonner que les quelques moments sentimentaux fonctionnent assez bien. Sommes toutes, assez peu de surprises, mais on a retrouvé un mélange satisfaisant entre les références enfantines et celles plus adultes. Ce n'est plus pareil, mais Shrek (et tous ses compagnons) ont une fraîcheur renouvelée. Après des années de mariage quatre films, c'est déjà pas mal.
Les quelques bonnes idées se résument à un joueur de flûte hilarant et quelques références anachroniques savoureuses. Les nombreuses références disneyesques des deux premiers films sont bien moins puissantes dans ce quatrième film. De là le vrai problème : on a été habitué à ce que Shrek soit un personnage unique, à nul autre pareil, dans le paysage hollywoodien du cinéma d'animation. Là, il ressemble à tous les autres, et rien ne le distingue plus de ses contemporains. Il ne serait pas content d'entendre ça...