Shrek a sans aucun doute été l'un des premiers films d'animation à s'adresser aux adultes autant qu'aux enfants. L'oeuvre de Dreamworks Pictures - dans ses trois premiers volets - présentait des thématiques actuelles, des personnages attachants (personne ne peut résister au regard du Chat Potté ou à la voix aiguë de P'tit biscuit) et des répliques toujours cinglantes, souvent issus des contes de fées modernes. Ce n'est pas que le quatrième opus ne respecte pas cette tangente – que tous les longs métrages d'animation s'efforcent d'atteindre - mais le personnage de l'ogre aigri et redoutable qui devient bon et aimable lorsqu'il rencontre le véritable amour a été trop exploité dans les dernières années, l'empreinte de nouveauté a disparu et une amère impression de déjà vu a usurpé sa place. C'est du moins le constat malheureux que l'on fait à la sortie de ce film, qui réussit en revanche à nous amuser et nous distraire (remercions au passage l'obésité féline qui en est pour beaucoup).
L'ogre Shrek a maintenant une famille formidable, des amis qui l'aiment et une réputation de sauveur, mais le monstre qui effrayait jadis les foules s'ennuie de sa jeunesse et de sa solitude. Lorsque le nain tracassin apprend les doutes de l'ogre, il décide de lui tendre un piège pour qu'il lui cède une journée de sa vie, en l'occurrence celui de sa naissance, pour qu'il l'efface et ait enfin la chance de diriger le royaume de Fort Fort Lointain. Dans ce monde parallèle, bien que tous ses alliés l'aient oublié, Shrek découvre une clause secrète dans le contrait que lui a fait signer le nain qui stipule qu'un vrai baiser d'amour pourra l'arracher du mauvais sort qu'on lui a jeté. Il tentera donc de reconquérir Fiona et ainsi de sauver le royaume, en plus de et retrouver sa famille.
Tous les éléments sont présents pour un succès cinématographique familial : la musique, les personnages attachants, les cabrioles maladroites et les blagues de tous niveaux - qu'elles dépeignent une révolution socialiste, l'odeur fétide des excréments de bébés ou qu'elles se moquent des clichés du cinéma romantique -, et pourtant quelque chose cloche. Peut-être est-ce la disparition de l'aspect de nouveauté ou la superficialité de la trame narrative (après la rencontre, le mariage et les enfants, il ne restait, semble-t-il plus que le retour en arrière), mais Shrek 4 il était une fin apparaît comme une oeuvre de consommation davantage que comme une histoire que l'on se devait de terminer (elle était déjà close).
Les personnages n'ont par contre par perdu de leur vigueur et de leur singularité. Le Chat pottelé Potté, devenu obèse et paresseux, est sans aucun doute le personnage le plus marquant de ce dernier chapitre. Le grand félin séducteur est maintenant devenu un animal domestique trop lâche pour chasser les souris, l'âne est toujours aussi naïf et sympathique alors que Shrek conserve son côté attachant, s'interrogeant sur l'importance de son rôle de père. D'ailleurs, comme dans tout bon filmsde Shrek qui se respecte, le long métrage exploite des thématiques adultes sans altérer l'accessibilité du récit pour les plus petits. Beaucoup de papas se reconnaîtront dans cet ogre désenchanté qui rêve de retrouver son célibat. Des valeurs d'amitié, d'entraide et de courage sont également très bien véhiculées, avec parcimonie, dans le film.
Le long métrage, qui expose l'hypothèse que nous ne sommes pas toujours conscients de la chance que nous avons (l'herbe est plus verte dans le marais voisin), n'est peut-être pas à la hauteur de la série en général, mais vaut assurément le détour, parce qu'après tout, c'est « le dernier » (quelle belle excuse tout de même). Le dernier... jusqu'à la prochaine fois.
Le personnage de l'ogre aigri et redoutable qui devient bon et aimable lorsqu'il rencontre le véritable amour a été trop exploité dans les dernières années, l'empreinte de nouveauté a disparu et une amère impression de déjà vu a usurpé sa place. C'est du moins le constat malheureux que l'on fait à la sortie de ce film, qui réussit en revanche à nous amuser et nous distraire (remercions au passage l'obésité féline qui en est pour beaucoup).