Il y a trois ans, le premier volet de ce qui est maintenant la « nouvelle » franchise Sherlock Holmes, réalisé par Guy Ritchie, était une comédie d'action de grande qualité qui savait utiliser avec intelligence les habitudes spectatorielles liées à ce genre de film, le charisme d'un personnage revigoré par une relecture contemporaine et un scénario mélangeant avec talent humour et action pour atteindre son objectif de « divertissement intelligent ». Eh bien, Sherlock Holmes: A Game of Shadows, deuxième volet de cette franchise, pourrait bien être meilleur encore.
Parce que le long métrage reprend les qualités du premier film en y ajoutant une audace subtile qui fait du visionnement un plaisir à plusieurs niveaux. Il y a de l'action, de l'humour, et plus encore, à commencer par ce personnage central, particulièrement bien cerné et maîtrisé, mais aussi à travers son ennemi, le Professeur Moriarty, un personnage fascinant. La joute intellectuelle entre les deux s'avère un combat de tous les instants, physique et intellectuel, ce qui ajoute de la complexité à ce qui serait sinon « une suite de bagarres », filmées avec talent par Ritchie, de retour derrière la caméra. Son travail est minutieux et saturé d'indices et d'informations pertinentes et regaillardi par une utilisation instinctive de l'accéléré et du ralenti.
L'intérêt, bien sûr, sera de savoir qui d'Holmes ou de Moriarty est le plus intelligent, et c'est par un clin d'oeil hilarant au « kínêma » que le film répond à la question. Holmes trouve un adversaire à sa mesure, et il n'a pas à attendre une vulgaire « confrontation finale » pour le rencontrer alors que les deux hommes se croisent et s'étudient de nombreuses fois avant la confrontation finale. Tout ça, avec élégance et charisme.
Downey Jr., comme d'habitude, est délicieux d'assurance et d'humour tandis que Jude Law propose un Watson convaincant et impliqué. Le seul défaut, c'est peut-être la performance peu inspirée de Noomi Rapace, qui semble un peu perdue à travers tous ces acteurs de grand talent dont Jared Harris est sans doute la plus belle surprise.
Rythmé, amusant, engageant, le film permet au spectateur de participer à l'élaboration et à la résolution de l'énigme en décrivant efficacement un processus intellectuel complexe qui évite ici la plupart du temps les conclusions forcées. Cette idée de « récapituler » les combats avant qu'ils ne se produisent s'avère particulièrement bien utilisée ici et permet de déjouer encore plus les attentes du spectateur qui, habitué à ce « type » de film, peut habituellement en anticiper les moindres retournements. Pas ici. Pourtant, tous les éléments étaient là...
Mélangé à un humour british fort efficace, cette réussite niveau « action » rend le film d'autant plus divertissant qu'il atteint sont point d'orgue lors d'une confrontation finale épique, intelligente et stimulante, qui s'écarte des clichés et qui met la touche finale à ce récit véritablement enlevant qui, sans quelques longueurs et une scène où les personnages sont « chanceux » de ne pas mourir, serait pratiquement parfait, dans ce que doit être un divertissement intelligent. Rare, rare, disait-on il y a trois ans, et on le redit...