Bien que loin d'être brillante ou révolutionnaire, l'idée de faire un pastiche de Roméo et Juliette avec des nains de jardin avait le mérite d'être originale et insuitée. On aurait espéré pour la suite - une caricature des aventures de Sherlock Holmes et de son fidèle acolyte Watson - que les scénaristes osent pousser le concept plus loin, au risque de tomber encore plus profondément dans l'absurde. Malheureusement, Sherlock Gnomes s'avère moins audacieux encore que son prédécesseur. Le premier film avait déjà exploité tous ces jeux de mots futiles avec le terme « gnome », il était donc inutile d'en ajouter davantage en ce sens...
L'intrigue de Sherlock Gnomes s'amorce plutôt bien avec la disparition de tous les nains de jardin de Londres (là où les personnages de béton du premier film ont déménagé) et la présentation d'un détective privé froid, condescendant et égoïste. C'est davantage vers la fin du récit que l'action piétine, au même rythme, d'ailleurs, que l'intérêt des petits et des grands spectateurs. Bien que le long métrage ne dure que 86 minutes, 15 à 20 d'entre elles auraient facilement pu être retranchées sans nuire au fil de l'intrigue.
N'ayant pas beaucoup de nouvelles propositions intéressantes, Sherlock Gnomes s'accroche à des clichés ou à la facilité. Le nain de jardin sur la toilette, qui revient à de nombreuses reprises dans le film, n'était certainement pas l'un de ces postulats étonnants qu'on espérait. Cette bagarre dans la boutique du quartier chinois renferme peut-être davantage de fraîcheur, mais encore là, nous ne sommes pas ici dans l'innovation anticipée.
Par contre, d'un point de vue visuel, Sherlock Gnomes s'avère plus impressionnant encore que Gnoméo et Juliette. Une scène en particulier, sous la pluie dans une ruelle, démontre les pas de géants qu'a entrepris le monde de l'animation au cours des dernières années. Le bruit de l'eau qui cogne sur les nains de jardin et la saleté, emportée par la pluie, qui dévoile le visage lisse de Roméo nous permet de comparer le travail de Paramount Animation à celui des géants Pixar ou Illumination.
Sophie Cadieux et Maxime Leflaguais prêtent respectivement leur voix à Juliette et Gnoméo dans la version française (Emily Blunt et James McAvoy doublent les mêmes personnages dans la mouture originale). Une fois de plus, les deux Québécois livrent une performance admirable, qu'il nous fallait souligner.
Sherlock Gnomes renferme quelques sourires, mais pas suffisamment de rires francs pour justifier le déplacement et le déboursé. Espérons que ce chapitre était le dernier exercice de la franchise. Nous ne pourrions pas supporter : La belle et le Gnome, les 101 Gnomes, James Gnond, 50 nuances de Gnomes, Gnomb Rider, etc.