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Sorcellerie MeToo.
Depuis dix ans le cinéma américain horrifique connaît une nouvelle tendance appréciable et souvent de qualité qu’ils appellent « elevated horror », dont le dernier « Scream » se faisait d’ailleurs l’écho. En gros, c’est du cinéma d’horreur ou fantastique mais sur un créneau adulte et indépendant, fondu dans un cinéma d’auteur bien plus exigeant que la moyenne du genre. Également, et on en parle très souvent actuellement sur cette page, le cinéma reflète l’évolution de la société. L’explosion des mouvements et courants féministes déclenchés par MeToo depuis une décennie avec l’affaire Weinstein à Hollywood a vu les thématiques féministes prendre l’assaut du septième art, et le cinéma de genre ne déroge pas à la règle. Et bien on peut dire que « She Will » est donc à la mode puisque ces deux tendances y sont clairement représentées sans le côté novateur (le film arrive trop tard) mais sans être opportuniste non plus car le sujet traité ici est plutôt inédit et très intéressant.
En effet, « She Will » touche du doigt un point assez rare : la mainmise de certains réalisateurs de pouvoir sur les jeunes actrices. On pense un peu à Roman Polanski sans pour autant voir l’ombre du cinéaste sur cette histoire. On y parle aussi de siècles de patriarcat qui se sont exprimés notamment il y a durant l’histoire avec la peur des femmes en besoin d’émancipation qu’on associait à des sorcières. Ces deux sujets se fondent dans le script de manière assez fluide et probante mais pourtant, en pratique, on a beaucoup de mal à accrocher au premier film de Charlotte Colbert. Certes, il y a un univers et une atmosphère étrange mais on est très loin du malaise procuré par « The Witch » pour n’en citer qu’un. L’exécution laisse parfois à désirer et sur le plan formel, tout est loin d’être réussi. On reconnait en revanche la patte du producteur du film, Dario Argento, grand fan de sorcellerie (le « Suspiria » original).
Rien à dire du côté de l’interprétation solide des deux actrices principales qui dominent les aspects réussis du film. D’ailleurs c’est même leur relation et son évolution qui figurent le versant le plus intéressant de « She Will ». Mais le script est un peu lâche, presque trivial, et le long-métrage se fait vite répétitif aussi bien sur la narration que sur l’aspect visuel. Il y a presque un goût d’inachevé à la sortie de la projection. Quant à tous les effets visuels censés représenter les cauchemars, les transes, les rêveries ou les flashbacks, ils sont peu convaincants et presque cheaps et vieillots malgré le passé de plasticienne de la réalisatrice. Elle se rattrape sur la confection des plans, plutôt agréables à l’œil. On s’ennuie un peu donc malgré des qualités certaines et il y a bien une chose qui valide ce constat plutôt négatif : pour une œuvre flirtant avec le fantastique et l’épouvante, ce premier film ne fait absolument pas peur alors que c’est tout de même le but premier de ce type de cinéma.
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