Avec Shazam!, DC Comics nous amène ailleurs. Le long métrage s'inscrit davantage dans le genre de la comédie que du film d'aventures fantastiques de superhéros conventionnel. Nous sommes plus proches d'un Kick-Ass (moins la violence) que d'un Avengers/Justice League.
En revanche, même si Shazam! fait beaucoup d'efforts pour faire rire son public, il n'est pas aussi drôle que ce à quoi nous nous attendions. Il faut considérer, par contre, que la traduction française confisque une bonne partie de l'aspect comique du film à la version originale. Le ton sarcastique de l'oeuvre de DC Comics en est un bien particulier qu'il faut manipuler avec prudence. Cette fine ligne entre le sérieux et l'absurde est fragile et la version doublée fait souvent basculer la production d'un côté ou de l'autre. La voix française du protagoniste adulte n'est pas très convaincante non plus. Nous sommes loin de la proposition de Zachary Levi, qui incarne, il faut le dire, un homme-enfant naïf et attachant.
Reste que Shazam! possède un caractère délinquant, débonnaire et insouciant qui nous plaît. Ce superhéros improbable et son acolyte intello, incarné par le fort convaincant Jack Dylan Grazer, nous livrent des scènes délirantes qu'on ne s'imaginait pas voir dans un film de ce type. Volontairement imparfait, on pardonne bien plus aisément l'utilisation des clichés et du hasard pour expliquer des circonstances peu crédibles qu'on le ferait avec une production plus léchée et sérieuse. Le long métrage livre des valeurs familiales et de coopération qu'on ne peut qu'applaudir.
À certains moments, Shazam! nous donne aussi l'impression d'être une bande dessinée en prises de vue réelles et c'est rafraîchissant. Alors que certains films de superhéros sont durs, lourds et violents, celui-ci s'adresse à toute la famille. Pas de sang (ou presque pas) ni de séquences trop sombres et inquiétantes, on reste dans la légèreté, la nonchalance et l'authenticité.
Avec ses 132 minutes, impossible, par contre, de ne pas admettre que Shazam! est trop long. Les scénaristes auraient pu couper autant dans la verbeuse introduction que dans l'interminable conclusion ou même retirer complètement les quelques interventions de ces deux petits voyous qui n'apportent rien de concret au développement de l'histoire principale. Le film aurait pu vivre avec 30 minutes de moins et on ose croire qu'il aurait même pu être d'autant plus efficace et percutant.
Avec tous ces superhéros qui bombardent nos écrans de rayons laser, de flèches, de marteaux, de coups de poing, de coups de pieds, de grappins et d'explosifs, on apprécie qu'un d'entre eux pense à nous envoyer quelques blagues immatures au passage. Même si Shazam! aurait pu être encore meilleur (on ressent tout son potentiel inexploité), il faut admettre qu'il s'agit du meilleur film de DC Comics jusqu'à maintenant ou du moins, son plus accessible.