Rédiger une critique
Vous devez être connecté pour pouvoir rédiger une critique.
One Cohen Show.
Une chose est sûre : pour apprécier (ou adorer) ce « Sentinelle », il faut être fan de Jonathan Cohen ou, tout de moins, ne pas y être allergique. Tout le film est basé sur sa personnalité et son humour bien reconnaissable. Ses détracteurs avanceront qu’il joue toujours la même partition mais il y ajoute pourtant assez de variantes à chaque rôle pour qu’on ne puisse s’en offusquer. Son personnage bête et auto-suffisant dispose finalement d’une gamme de ressources de jeu assez impressionnante et il faut avouer que ce n’est pas toujours facile d’officier dans le registre de l’humour avec réussite et de ne pas lasser. Pourtant, les efforts sont là avec la volonté d’offrir de nouvelles facettes à la base de jeu de son personnage, on ne peut le nier. Cela fait penser (un peu) à ce que l’on pouvait penser de Franck Dubosc (avec lui aussi un rôle d’éternel beauf) il y a vingt ans et rendu célèbre par « Camping », ses suites et ses dérivés. Ce dernier a en revanche plus tardé à nuancer et diversifier son jeu. Et de la même façon, on aimait ou aimait pas.
L’idée de ce flic idiot, égocentrique et raté mais aussi chanteur kitsch à ses heures perdues qui se vénère est plutôt bonne et il la met en pratique avec un certain brio. Cela aurait pu aboutir à un long-métrage lourd, gênant et trop centré sur le comédien, mais il n’en est rien. Si « Sentinelle » n’est pas totalement réussi, il contient assez de bonnes idées et de moments drôles pour convaincre et nous faire passer un bon moment. En premier lieu, dans le cadre d’une comédie policière, on peut sans crainte avancer que le rire prime souvent sur l’intrigue. Il y a quelques exceptions telles que la saga « L’Arme fatale » ou certains vieux films de Belmondo mais l’intrigue est souvent accessoire. Ici, on est étonnamment surpris de voir qu’elle tient la route, ménageant même rebondissements sympas et surprises en plus d’être cohérente et captivante. C’est assez rare pour être souligné.
En revanche, niveau humour on n’est pas dans la finesse mais pas dans un humour potache ou lourd non plus. « Sentinelle » joue clairement la carte du décalage et (un peu) de l’absurde. Le reste des acteurs et les situations sont dans un registre dit normal voire sérieux et c’est le comportement du flic joué par Cohen qui alimente le comique de situation par sa bêtise et les réactions que cela entraine. Et niveau gags et répliques destinés à faire rire, c’est du non-stop ou presque. Dans ce cas de figure, difficile de performer à chaque fois et disons qu’un gag sur deux tombe à plat si on veut voir le verre à moitié vide et qu’un sur deux nous fait sourire ou éclater de rire si on le voit à moitié plein. Il y a donc pas mal de moments mémorables sur une heure et trente minutes, sans baisse de rythme, mais aussi parfois quelques moments gênants qui en côtoient d’autres amenés à devenir cultes. Dans l’ensemble, on s’amuse quand même et le cadre de La Réunion provoque un dépaysement bienvenu tout comme le choix d’acteurs bien vu dans des seconds rôles étonnants est une valeur ajoutée. Emmanuelle Bercot devient décidément une grande actrice tout-terrain et Raphaël Quenard futur grand et espoir de l’année confirme l’étendue de son talent. A vous de voir!
Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.