Le cinéma canadien a une importance très relative sur la scène internationale (et même sur la scène nationale, remarquez), ce qui a eu comme effet de le cloisonner davantage. Le cinéma canadien (anglais) est conscient qu'il n'aura aucun écho à travers le reste du monde (à l'exception de ses réalisateurs-phares, Egoyan et Cronenberg), alors il s'applique seulement à faire plaisir aux Canadiens. Les exemples de Passchendaele, Men With Brooms et Trailer Park Boys sont éloquents. Présenté en ouverture du TIFF, Score: A Hockey Musical est particulièrement canadien : du hockey, des chansons quétaines, encore du hockey, du placement de produit de Canadian Tire et de Tim Horton's (nommez-moi une chose plus « canadienne » que ces deux-là, une!), et un caméo du père de Wayne Gretzky sont au menu d'un film qui est tellement ridicule qu'il est presque bon. Presque! Le film commence avec le Ô Canada, imaginez...
Le jeune Farley, 17 ans, a un véritable don pour le hockey. Éduqué par ses parents, il n'a jamais joué une véritable partie, mais il recruté par le propriétaire d'une équipe semi-pro et il se joint aux Blades. Accueilli difficilement par ses coéquipiers, il est déjà le meilleur joueur de la ligue. Son nouveau hobby va l'éloigner de ses vraies valeurs et de sa meilleure amie et voisine Eve, qui est amoureuse de lui depuis longtemps. Il devra donc reconsidérer sa passion. D'autant que Farley refuse de se battre, et qu'il devient vite la risée de la ligue...
Score: A Hockey Musical n'était tout simplement pas une bonne idée. Mélanger le hockey et la musique est une idée pleine d'audace, mais pour qu'elle fonctionne, il aurait fallu que le sujet du film soit le hockey, et pas une vulgaire histoire d'amour incompris comme tant d'autres. Chanter, ce n'est pas grave, cela peut être assez amusant même, surtout dans un monde aussi masculin que le hockey, mais pas quand un film, qui prétend être sur le hockey, s'en sert comme d'une circonstance. Il aurait fallu que le sport soit nécessaire au film, qu'il en soit le sujet, plutôt que d'être interchangeable avec n'importe quelle mise en contexte. Cette histoire d'amour, on l'a vue cent fois, elle n'a plus aucune intérêt. Et aussi il aurait été préférable qu'on ait pris au sérieux notre sport national...
Parce qu'un problème majeur du film est que, même s'il est réalisé par des Canadiens pour des Canadiens, il ne comprend (ou n'applique) pas les règles élémentaires du hockey (pénalités d'obstruction, bagarres, couverture défensive...). Pas étonnant que le jeune Farley soit le meilleur joueur de tous les temps, les défenseurs le laissent passer! Vrai que cela ne change rien au film, mais c'est agaçant, surtout quand on s'adresse à un public qui prétend connaître le hockey.
Pas aussi agaçant cependant que quelques affreuses rimes et métaphores qui repoussent les limites de la quétainerie (« Hockey without fighting is like Kraft Dinner without chesse / It's still pasta, but the palette it won't please ») lors des chansons, longues et monotones, qui jalonnent le récit. Récit qui vole aussi qu'allumer des pets et écrire le nom de son équipe en pissant dans la neige.
Et la finale poursuit dans cette lignée de patriotisme mou, de fierté canadienne incertaine, d'un flagrant manque d'assurance et d'une volonté de populisme lors d'une longue ode au Canada et au hockey qui se veut rassembleuse. L'audace qu'il y avait à faire une comédie musicale sur le hockey est perdue au profit de ce film de piètre qualité qui, en plus, est consensuel. Au fond, c'est tellement mauvais que ce n'est pas si pire que ça... mais la culture canadienne n'avait absolument pas besoin de se ridiculiser ainsi.