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Rêves en Cage.
Le postulat est génial. De l’acabit et dans la même veine que ceux des cultissimes « Dans la peau de John Malkovich », « The Truman Show » ou encore « Donnie Darko ». Pas de ces œuvres qui impactent la mémoire par leur twist final incroyable mais plus par leurs prémisses et idée de base. Alors certes, ce « Dream Scénario » n’a pas la force de frappe des œuvres précédemment citées, mais l’idée confine au génie et elle est plutôt bien exécutée. Et pour un premier film américain de la part d’un auteur suédois, plus qu’hollywoodien puisqu’on reste dans le sérail indépendant, c’est pleinement maîtrisé et efficace comme rite de passage. Et on le doit à l’auteur du génial film scandinave donc et poil à gratter « Sick of myself », qui poussait le concept du besoin de reconnaissance social à son paroxysme dans une œuvre corrosive et mémorable. On pensait que ce nouvel opus serait aussi virulent mais, et c’est peut-être son petit défaut, il reste un tantinet trop sage à bien des niveaux.
Dans un premier temps, on ne voit pas trop quelle est la proposition de fond de Kristoffer Brogli. Ce qu’il entend dénoncer, qui il vise et si vraiment il y a matière dans ce long-métrage à une critique de quoi que ce soit. On se délecte donc de cette idée géniale d’un homme qui apparaît dans les rêves de millions de personnes. Et c’est probant et parfois génial quand Borgli met en scène certains desdits rêves donnant à voir des tableaux gratinés qui représentent cependant bien ce que peuvent être ceux-ci, l’une des choses les plus mystérieuses et les plus difficiles à appréhender et représenter en images. C’est original, bien mis en scène et ça concrétise l’idée initiale avec panache et parfois rires. Puis ensuite, se dessinent en effet une critique d’une société de l’image (timide), on parle aussi (un peu) de cancel culture et (discrètement) d’un monde qui se gargarise de l’instant pour ensuite passer vite à autre chose. Mais on a du mal à discerner ce que voulait vraiment nous dire le cinéaste. Mais sans que cela porte réellement préjudice au film. Ensuite, certains auraient peut-être aimé qu’avec une histoire pareille, « Dream Scénario » parte plus en sucette et sois moins sage. En l’état, le film est très bien comme cela et s’il évite le risque d’être plus fou (comme l’aurait fait Spike Jonze justement) c’est peut-être par prudence mais avec raison et réussite.
Ensuite, on ne peut qu’acclamer le choix de Nicolas Cage dans le rôle principal. L’acteur qui a certainement la filmographie la plus schizophrène du septième art contemporain et qui semble renaître à chaque nouveau rôle. Après le cinéma d’auteur clinquant, après les blockbusters hollywoodiens, après les nanars en direct to dvd, après le cinéma indépendant pointu, le voilà dans sa période méta, conceptuel et/ou parodique avec des projets insensés mais alléchants quoique pas toujours aussi réussis qu’attendus comme le récent et tout juste amusant « Un talent en or massif ». Avec ce rôle tout en nuances où il excelle, il livre une composition qui ressemble à celle du méconnu et pourtant excellent drame dépressif « The Weather Man » de Gore Verbinski. Dans « Dream Scénario », on le voit subir l’évolution complètement déraisonnée de cette situation qui l’est tout autant avec plaisir, même dans une dernière partie plus sombre et peut-être moins satisfaisante. Mais cela reste du cinéma original, surprenant, à la croisée des genres et maîtrisé malgré son absence d’un grain de folie supplémentaire.
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