Ce ne serait pas un euphémisme que de dire que la carrière de Bruce Willis est sur son déclin. Il est maintenant relayé, par les nouveaux réalisateurs, au rang du caméo et du rôle secondaire, à une présence purement symbolique pour attirer les foules, nostalgiques de l'époque glorieuse d'un certain John McClane. On ne peut, en toute rationalité, croire que celui qui fut un temps l'un des acteurs d'action les plus en demande d'Hollywood ait consciemment accepté de prendre part à une telle bêtise si ce n'est que pour retrouver un peu de sa gloire d'antan ou payer ses trois ou quatre maisons dans les tropiques. On peut, à l'opposé, comprendre pourquoi Henry Cavill, fort de son succès avec The Tudors et prompt à rejoindre le monde du cinéma (il n'avait, à l'époque, évidemment, pas encore été mandaté pour incarner Superman), a accepté un tel blasphème, mais on s'explique mal la décision de Willis.
The Cold Light of Day est un affront à l'intelligence des cinéphiles pour de nombreuses raisons; son scénario simpliste et naïf, ses personnages unilatéraux, son intrigue incomplète, ses scènes d'action élémentaires et sa réalisation d'amateur. Le cinéaste Mabrouk El Mechri donne vraiment l'impression qu'il en est à son premier film, à ses premières armes. Il y a quelque chose de si inexpérimenté qui se dégage de cette oeuvre que le réalisateur de JCVD ne devrait pas se vanter d'en être le maître d'oeuvre. Sa caméra est inhérente à l'action; elle tangue lorsqu'elle est sur un bateau, elle se convulse lorsque le protagoniste court, elle prend le rétroviseur comme point de vue lorsque l'action se déroule derrière une voiture et il arrive même qu'elle tourbillonne et virevolte pendant les différentes cascades. Entre une caméra invisible et immobile, sans âme, et une caméra aussi apparente et enveloppante, je choisis celle qui ne me donne pas des nausées chaque fois qu'elle bouge.
L'histoire de The Cold Light of Day est celle d'un jeune entrepreneur qui doit tenter de sauver sa famille alors qu'elle a été enlevée par des inconnus qui réclament une mallette dont il ignore l'existence. C'est, en fait, l'histoire de plusieurs films d'enlèvement. Il semble même, à certains endroits, qu'on ait voulu s'inspirer de Taken, afin de peut-être, obtenir un succès semblable. Malheureusement, lorsqu'on tente de pasticher une oeuvre récente de cette manière, l'effet est généralement désastreux et les influences tellement évidentes qu'elles condamnent d'emblée la nouvelle production aux nobles intentions.
Les réactions farfelues des personnages n'aident en rien à conserver l'attention fragile des spectateurs. La « méchante » qui regarde s'éloigner le héros à la course en se disant : « Nous le rattraperons plus tard » frôle la plaisanterie, tout comme l'agent de la CIA qui se promène, pénard, après que sa famille ait été enlevée et se surprend d'être atteint par balle par un ennemi. The Cold Light of Day fait partie de ces oeuvres sans intérêt (que l'on a sorties en septembre pour qu'elles meurent en paix) qui mettent en scène trop de vedettes - et qui a coûté trop cher - pour être recalées à l'inoffensive sortie en DVD.