Drive possède sans contredit cet aspect rafraîchissant et novateur qui excitent les critiques et déconcertent le commun des mortels. Son extrême violence - habilement dosée -, la qualité de ses interprètes, la finesse de son scénario ainsi que l'efficacité déroutante de son ambiance sonore pourraient bien lui valoir une place parmi les dix meilleurs films de l'année aux Oscars - mais nous nous contenterons d'attendre sagement les autres propositions avant d'avancer de telles prédictions...
Ryan Gosling, qui nous a récemment prouvé - grâce à Crazy, Stupid, Love - qu'il pouvait être autre chose qu'un homme profond et tourmenté, revient à ses premières amours en interprétant un cascadeur psychologiquement torturé, rongé par la vie et sa volonté mortelle de protéger ceux qu'il affectionne. Carey Mulligan réussit elle aussi à charmer le public dès les premières scènes. C'est sa sensibilité, sa douceur, qui nous bouleverse et nous transporte. Albert Brooks et Ron Perlman sont également très efficaces dans les rôles de deux malfaiteurs sans pitié qui règnent sur Los Angeles.
L'habileté de la réalisation en est également pour beaucoup dans la compétence générale de l'oeuvre. Nicolas Winding Refn est parvenu, par le biais d'images léchées et expressives, à imputer à son film une atmosphère psychotique, une ambiance certes déconcertante pour un public non-averti. Alors que certains cinéastes choisissent l'absence de musique pour transmettre une émotion, Winding Refn a plutôt opté pour l'omniprésence de cette dernière, et l'effet est impressionnant. Le film bombarde le spectateur de sons, de cris, de mélodies de toutes sortes jusqu'à ce qu'il soit saturé et éprouve un malaise saisissant. Certains ralentis (la séquence dans l'ascenseur est magnifique, même poétique) et quelques prises de vue hallucinantes donnent une personnalité bien distincte à la production américaine et lui permet de se démarquer facilement du lot. Les diverses séquences de courses automobiles sont si habiles et enivrantes qu'on en aurait voulu davantage.
Le long métrage témoigne d'une violence extrême, parfois semblable à celle que l'on retrouve dans les « slashers » (film d'horreur très violent comme Saw ou Halloween). À défaut de simplement déranger, cette brutalité donne le ton à l'oeuvre en la positionnant davantage du côté du film noir que du suspense conventionnel. Le scénario est construit de telle façon que cette démesure devient inévitable et nécessaire. Même si la conclusion en laissera plusieurs sur leur faim, l'honnêteté globale des textes et leur justesse narrative (un film de peu de mots mais aux bons) concède à Drive ses attributs marginaux.
Parfois à l'image d'un film sombre de David Cronenberg, parfois marqué par l'exubérance d'un Tarantino, Drive s'inspire de différents styles cinématographiques sans jamais faire figure de pastiche. Le plus récent long métrage de Nicolas Winding Refn, qui a fait parler de lui à Cannes en mai dernier, n'a pas fini de faire couler de l'encre. Lorsqu'on prend le temps de l'étudier en détail, cette oeuvre est une véritable leçon de cinéma, tant dans sa forme que dans son contenu intelligent. Une réalisation aussi émérite pour un film d'action est si rare qu'on se doit de la mentionner. Comme quoi film d'action ne rime pas toujours avec abrutissement cérébral.
Parfois à l'image d'un film sombre de David Cronenberg, parfois marqué par l'exubérance d'un Tarantino, Drive s'inspire de différents styles cinématographiques sans jamais faire figure de pastiche.
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