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Sacrement possédée.
Le festival du film fantastique de Gérardmer nous envoie chaque année des pépites et les illustres gagnants du Grand Prix figurent régulièrement dans les annales du genre. On se souvient des classiques « Cube » et « Donnie Darko », véritables chefs-d’œuvre, mais aussi du norvégien « Morse » ou encore du japonais « The Ring ». Voici aujourd’hui « Sainte-Maude », le récipiendaire de l’an passé, qui se voit privé de sortie en salles à cause du contexte et c’est bien dommage car c’est encore un cru de qualité même s’il n’atteint pas le niveau d’excellence non plus des œuvres précitées. Cependant, il réussit sur pas mal de plans ce que beaucoup de films des genres horrifique, fantastique, épouvante ou encore science-fiction ne parviennent plus que rarement : être efficace avec peu de moyens et peu d’effets. Et ajoutons à cela le fait qu’il fasse véritablement froid dans le dos et que son atmosphère soit particulièrement malsaine et vous obtiendrez une petite réussite.
Rose Glass en est à son premier film et il risque de ne pas être le dernier. Elle instille au genre du film de possession à tendance religieuse un petit vent de fraîcheur avec beaucoup de simplicité et d’efficacité mais aussi une maestria qu’on n’attendait plus. Il y a eu l’époque pseudo-millénariste de la fin des années 90 et du début des années 2000 où ce genre de productions pullulaient (de l’inoubliable quoique vieillissant « Stigmata » au boursouflé « La Fin des temps »). Puis le soufflé retomba et vint notre époque contemporaine avec le renouveau (puis le déclin et la lassitude) des films d’exorcisme et de démons (l’excellent « The Conjuring » en tête). « Sainte-Maude » se détache de toutes ces productions, le plus souvent commerciales, pour se fondre dans une voie plus singulière et dans un mode minimaliste avec le fantastique pur et dur en ligne de mire. En effet, on ne sait jamais si c’est la folie du personnage principal qui guide ce que l’on voie ou si Diable et Dieu sont réellement présents. Et c’est très bien comme cela.
De plus, le long-métrage ne se disperse pas et va à l’essentiel en évitant poses esthétisantes, psychologie de bazar et surtout les longueurs. Peu de protagonistes, peu de lieux et de décors pour l’action si ce n’est cette ville côtière anglaise triste au possible qui offre un cadre original à l’action : en gros Rose Glass ne perd pas de temps et fait vite et bien. En revanche, elle mise énormément sur l’ambiance et c’est tout à fait réussi : « Sainte-Maude » est malsain et dérangeant. Et si l’on ne sursaute pas comme avec les jump-scares en vigueur à notre époque, il y a plusieurs séquences qui nous mettent vraiment mal à l’aise (le discours de Maude avec Dieu dans une langue étrange). L’ambiance sonore est impeccable et malaisante et les plans concoctés par une cinéaste qui connait ses classiques (coucou « Rosemary’s baby ») sont travaillées et parfois étourdissants (la scène d’illumination dans l’appartement). Elle ne lésine pas sur les détails sordides mais n’en fait jamais trop. Alors ce n’est pas révolutionnaire mais c’est ce que l’on attend d’un bon film de terreur jusqu’à un final glaçant et un dernier plan surprenant qui évite le kitsch de justesse. Une bonne surprise pour les amateurs de frissons.
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