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Critique The Queen
The Queen de Stephen Frears est sortie au moment où le cinéma s’intéressait au film évoquant des faits marquant dans notre époque. Ainsi après des films comme World Trade Center ou encore Vol 93, le réalisateur apporte à son tour un film dans le même genre si ce n’est qu’il traite ici des coulisses de la royauté après la mort de Diana et où la couronne se retrouve sous les feux des projecteurs. Il est vrai que l’on oublie bien vite que derrière cette mort atroce, se cache aussi des conséquences médiatico-politiques. Le réalisateur essaye donc par ce film de nous le rappeler, ainsi il nous plonge dans l’intimité de la reine et des rapports qu’elle entretient avec son premier ministre du moment: Tony Blair. Ainsi le prétexte est ici idéal pour parler du pouvoir et des fameuses relations hommes/femmes qui s’en rattachent. Stephen Frears dont on connaissait déjà ses talents de réalisateur, essaye ici de démontrer les avantages mais aussi les inconvénients via un film se baladant entre fiction et reconstitutions de la réalitémais en ce basant aussi sur des archives, du système politique assez particulier et unique, mais aussi à présenter les rapports de force, les prises de positions entre la couronne pensant faire au mieux et censée choisir et le premier ministre avec son gouvernement devant obéir. Le réalisateur aidé par son très talentueux scénariste Peter Morgan montre leur explication par le biais d’un drame qui toucha tout le royaume et qui fut sans doute l’événement le plus dramatique qu’est connu le royaume depuis la seconde guerre mondiale, à savoir le décès brutal de l’ex-princesse Diana et de la crise qui suivit par la suite. Le réalisateur prend le partie de mêler le drame à l’humour en effet son film va suivre les relations médiatiques assez tumultueuses entre la famille royale et le reste du monde. Le film est ici porté de bout en bout par une excellente Helen Mirren qui arrive ici à interprétée une reine plus réelle quand vraie, bien entendu les autres acteurs avec Martin Sheen en tête. The Queen arrive habilement à jouer dans tous les genres et dans tous les tableaux ne cherchant en aucun cas à prendre position dans tel ou tel camp. Stephen Frears applique ainsi tel un documentaire, un devoir de réserve et une rigueur de maitre, il va chercher constamment à laisser le spectateur libre de se faire sa propre opinion tout en y apportant se touche dont on apprécie les vertus et la qualité, il est capable de procurer du rire (sans tout fois se moquer) en montrant les réels décalages entre les nouvelles coutumes royales, mais il n’en oublie pour autant pas le coté grave d’une histoire qui a marquée de nombreuses personnes. Ceux qui souhaitent revivre la tragédie de cette terrible histoire d’une femme hors du commun ne vont pas être déçus, du moins en partie puisqu’il ne s’agit pas ici du principal propos du film, le réalisateur en ayant bien sélectionné ces archives, que se soit en photos, interviews.. Montrent une Lady Di bien fatiguée, dans le désarroi qui ne semble pas être à sa place. Tout ceci est appuyé par des reconstitutions crédibles et bien montées, grâce à tout ceci on découvre une facette encore inconnue de la princesse à savoir son coté politique, celle qui bien que ne faisant plus partie de la famille royale ne comptait pas quitter le monde médiatique et le monde des affaires. En effet The Queen est avant tout un film politique sorte de politico-fiction d’une efficacité remarquable dont bon nombres de réalisateurs devraient s’en servir comme modèle. Dès les premières minutes du film, on se retrouve dans une ambiance remarquable, assez angoissante et les premiers pas d’un premier ministre fraichement élu, il doit tout en affichant sa loyauté porter tête face à la reine, on a ainsi droit à des conflits entre traditions et modernités. Stephen Frears arrive à faire mouche dans la plupart des scènes (celle où l’on voit le prince Charles qui découvre en arrière plan le corps de sa femme) ou encore les obligations auxquels sont confrontées la reine. La force est donc de montrer au mieux les relations entre la reine et le premier ministre et ceci commence dès leur première rencontre où la reine prendra très rapidement le devant sur le premier ministre encore en rodage qui semble se perdre avec toutes les obligeances à faire à la reine. La séquence inaugurale d’investiture reste assez folklorique et d’une drôlerie intéressante ou encore les échanges téléphoniques très houleux ou encore Blair qui prend la défense de sa reine qui essuie de nombreuses critiques aussi bien au sein du gouvernement que au sein de la foule. The Queen est donc un film montrant les différents affrontements verbaux et de comportement entre deux personnalités complètement différentes et ayant quelques différences, bref il s’agit d’un tableau nostalgique qui n’avait donc rien pour s’entendre mais dont une crise va rapprocher et les faire avancer dans la même direction pour y faire bloc et tisser des liens forts. Il s’agit de la plus grande crise que va connaitre la cour, crise sans précédent quasi constitutionnelle qui remettra en question la légitimité de la reine. La mise en scène de cette tension dramatique y est parfaite, le spectateur est tenu en haleine durant tout le film tout ici tiens en plus du scénario de la qualité des acteurs, on assiste donc (comme si on était au cœur) aux pressions qui existent entre les protagonistes, leurs remises en question, de vouloir imposer leur propre point de vue… tout ceci nous permet de voir l’envers du décor, de voir comment la famille royale se comporte notamment lorsqu’ils se trouvent au château de Balmoral en Ecosse. Une plongée tout à fait réaliste qu’on adhère sans grande difficulté et sans grande concession particulière. Seul quelques petits manques d’approfondissements dans certains personnages comme le prince Philip, ou encore l’épouse de Tony Blair. Stephen Frears réussit donc très habillement et avec grand succès son pari de nous faire découvrir les «coulisses» de la famille par le biais d’un événement tragique. De plus, le film permettra de confirmer que les anglais adorent leur reine. Pour finir, The Queen respire l’authenticité parfaite, la véracité et la comédienne Helen Mirren interprète un rôle avec un flegme tout à fit britannique dont on retrouve la classe et la dignité. Stephen Frears semble en tout cas être le meilleur pour pouvoir raconter ce type de film sans jamais oser prendre partie pris.