Cette histoire est parfaite pour Hollywood; deux héros attachants avec une volonté de vaincre immuable, dans un contexte piloté par l'adrénaline et la gloire. On se demande même pourquoi l'histoire de ces deux adversaires légendaires n'a pas été adaptée au cinéma avant aujourd'hui. Évidemment, ce n'est pas parce que l'histoire est toute désignée pour les géants du cinéma qu'ils arriveront à produire une oeuvre de qualité... Mais, bien que les risques étaient grands de tomber dans l'éloge injustifié et le cliché, Ron Howard arrive à propulser son film au-delà du convenu et nous livre un produit hautement divertissant qui nous procure un plaisir presque coupable.
Pour ce que j'en connais sur les pilotes de Formule 1, c'est-à-dire, pour être honnête, très peu, Chris Hemsworth et Daniel Brühl sont tout à fait crédibles. En plus de ressembler physiquement aux protagonistes (quoiqu'on a tellement modifié le visage de Brühl qu'il est encore plus laid que l'homme, toujours vivant, qu'il incarne à l'écran), les deux acteurs nous laissent entrevoir très rapidement les personnalités de James Hunt et de Niki Lauda; le Don Juan et le méthodique, l'homme social et bon vivant et l'autre plus réservé et raisonnable. Ces deux hommes semblent être nés pour s'affronter et, ultimement, s'entraider.
Les amateurs de Formule 1 et de course automobile trouveront peut-être qu'il n'y a pas suffisamment de temps accordé aux dites courses, mais celles-ci sont tellement bien illustrées qu'on peut aisément excuser leur quantité insuffisante. Les points de vue sont nombreux; vu d'ensemble, depuis l'intérieur de la voiture, vers le pilote, etc., et nous permettent d'entrer plus franchement dans l'action.
Le scénario s'avère bien construit. Il ne s'attarde que très peu sur des détails inutiles (le film prend tout de même quelques dizaines de minutes avant de prendre son rythme de croisière). Peter Morgan est arrivé à rendre intéressantes les vies personnelles de chacun des deux héros; ce qui n'était peut-être pas un si grand défi après tout. Ce qui était sûrement plus ardu, c'était de choisir les évènements marquants dans la vie des deux protagonistes qu'on allait illustrer à l'écran, et, en ce sens également, le travail semble avoir été bien fait.
Les deux acteurs principaux se prêtent le rôle de narrateur à différents moments de la production. Comme on ne veut pas orienter l'histoire vers une personne en particulier ou donner un point de vue spécifique, on a choisi cette technique. Même si la narration est là pour guider le spectateur, le démêler dans la temporalité, elle semble parfois fortuite. On comprend son utilité au début et - surtout - à la fin, mais en plein milieu du long métrage, elle est plutôt futile.
Autant pour les amateurs de sport que pour les friands d'histoires vraies fascinantes, Rush saura divertir un large éventail de cinéphiles. Un blockbuster qui possède une force de persuasion immense...