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Arnaque, crime et vengeance.
Réalisateur sur deux séries de prestige diamétralement opposées (« The Crown » et « Andor »), Benjamin Caron réalise là son premier film et c’est peu dire que pour un débutant il semble avoir eu les coudées franches d’un studio, de streaming certes mais quand même, Apple TV en l’occurrence. Un studio qui lui a offert un joli casting et un budget confortable. « Sharper » est ce que l’on appelle un suspense d’arnaque et de faux-semblants, où rien n’est vraiment ce qu’il parait être de prime abord et où les apparences sont parfois/toujours trompeuses. Dans ce sous-genre du thriller, il y a bon nombre de petits films insignifiants (que l’on ne nommera pas) comme de grands classiques (le premier « Ocean’s Eleven », le multi-primé « Parasite », le premier « Insaisissables » ou encore « Usual Suspects »). Ici on n’est ni dans l’un, ni dans l’autre; plutôt dans un entre-deux, le long-métrage ayant autant d’atouts, tels que son concept et sa mise en scène maîtrisée, que de défauts majeurs, comme sa roublardise et son excès de retournements de situation.
En cela, il fait beaucoup penser à une version new-yorkaise du « Sexcrimes » floridien de John McNaughton, sans le côté érotique toc. Ses rebondissements de situation incessants devenant presque ridicules, mais le second degré assumé et l’humour noir venaient à le sauver. Mieux même : à le placer au rang de petit film culte pour beaucoup. Et ici, de la même manière et jusqu’à la dernière séquence, les masques tombent, les personnages changent de camp et la perception qu’on a d’eux évolue sans cesse, leurs motivations et les enjeux étant constamment mouvants. Et comme le film est découpé en chapitres représentant les quatre personnages principaux sans pour autant sombrer dans un changement de point de vue à la « Rashomon », les cartes sont sans cesse rebattues. Il est vrai que si on aime être surpris – et « Sharper y parvient à plusieurs reprises de manière plus ou moins convaincante et prévisible – cela vire parfois à la surdose. Et, quand on y pense, tout cela ne tient pas vraiment debout, l’intrigue étant inutilement alambiquée et tarabiscotée en plus d’être clairement improbable et pleine de trous si la logique et la raison s’y penchent avec minutie.
« Sharper » développe une mise en scène old school, presque périmée, mais qui lui va plutôt bien. Le film et les multiples arnaques prennent leur temps pour se dévoiler et on pourrait même trouver les deux premiers actes un peu languissants et monotones. Mais quand la grande Julianne Moore apparaît, le film s’illumine et son milieu est peut-être le ventre dur et fort du film. Ensuite, même si tout s’enchaîne bien plus rapidement et que l’on n’a plus le temps de s’ennuyer, les excès de ce scénario gigogne en forme de poupées russes montrent leurs limites et finissent par nous lasser. Le concept est ludique mais ce type d’arnaque a déjà été vu ailleurs et de manière bien plus probante. Le film n’en demeure pas moins hautement regardable même s’il diabolise encore une fois les personnages blancs contre les personnages de couleur, la nouvelle (triste) mode du moment.
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