Il semble bien qu'à peu près tous les classiques d'action des années 80 auront droit à leur remake. D'une certaine façon, c'est une bonne chose, car ces films ont à peu près tous affreusement mal vieilli - qu'est-ce à dire sur cette décennie? - et autant leurs commentaires sociaux que leur violence exagérément graphique sont dépassés. Les dystopies et contextes politiques qu'ils mettaient en scène - encore une fois : qu'est-ce à dire sur cette décennie? - méritent d'être renouvelés, les préoccupations actuelles étant foncièrement différentes de celles d'il y a 25 ou 30 ans. Heureusement, si tous ces films sont traités avec autant de sérieux que ce remake du RoboCop de Paul Verheoven, on devrait s'en tirer pas trop mal.
Les modifications apportées au récit original (qui date de 1987) sont non seulement significatives, mais aussi plus puissantes et plus ambitieuses au niveau moral. Il y a autant de tension dramatique à savoir si RoboCop va survivre à une autre fusillade qu'à savoir si son intégrité humaine est préservée. Le long métrage prend le temps (près de la moitié du film) afin de mettre en place les personnages importants (plus nombreux que dans l'original) et pour programmer ce policier mi-humain mi-robot, posant des questions complexes qui surpassent le simple film d'action. Les zones d'ombre déontologiques qu'il évoque sont donc plus subtiles et plus stimulantes.
Heureusement, car il faut avouer que les fusillades (excepté celle de la scène d'ouverture en Iran) sont plutôt conventionnelles et que, si elles sont « efficaces » au sens technique, elles ne déstabilisent guère le spectateur expérimenté. Visuellement, le film en entier est bien sûr beaucoup plus soigné que la version de 1987, les effets spéciaux étant beaucoup plus crédibles et bien intégrés, la présence de ces robots ultra-rapides étant elle aussi beaucoup plus plausible. Cela dit, voilà une excellente occasion de réfléchir à ce que les spectateurs de 2041 penseront des effets spéciaux d'aujourd'hui...
Les acteurs sont eux aussi beaucoup plus subtils que dans la version originale, à commencer par Joel Kinnaman, qui a le luxe de travailler avec un personnage plus complexe et plus profond que celui de Peter Weller. On n'attendait rien de moins de la part des expérimentés Gary Oldman, Michael Keaton, et Samuel L. Jackson, hilarant dans le rôle délirant d'un présentateur télé ultra-patriotique qui illustre par l'exemple la bêtise qui peut mener à la création d'un policier comme RoboCop, dans une société où le « criminel » perd immédiatement sont statut de citoyen une fois qu'il est criminel. De ça aussi, il faudra voir ce que le spectateur de 2041 en pensera...
Le réalisateur José Padilha propose donc un long métrage efficace, profondément différent de l'original, mais significativement amélioré sur les points les plus importants : l'ambiguïté morale, la complexité du scénario et les effets spéciaux. Souffrant de quelques problèmes de rythme (surtout que ce sont des ordinateurs qui font tout le travail d'enquête), RoboCop demeure tout de même bien plus convaincant que ce à quoi on s'attendait.