Les fans de Robin des Bois seront certainement agacés par cette nouvelle version qui a, en quelque sorte, dénaturé le personnage issu d'une longue tradition orale datant de la période médiévale. Dans cette nouvelle mouture hollywoodienne, Robin de Locksley est un jeune et puissant seigneur qui est envoyé à la guerre par le Shérif de Nottingham. Sur place, il est témoin de nombreuses inégalités qui l'encouragent, à son retour chez lui, à voler les riches pour redonner aux pauvres. Même ses fidèles acolytes, soit le frère Tuck, Petit Jean, Will l'écarlate et Marianne, ont été revampés. Le premier est un prêtre au service du royaume, le second (image ci-dessous) est un soldat arabe assoiffé de vengeance, le troisième est un politicien aux valeurs malléables et la dernière est une rebelle hors-la-loi, grande défenderesse des droits du peuple. Nous sommes ici bien loin de la forêt de Sherwood...
Pourtant, moderniser des histoires vieilles de plusieurs siècles n'est pas une mauvaise chose, mais il y a une façon d'approcher respectueusement les classiques et le réalisateur Otto Bathurst n'a pas eu cette délicatesse. Outre les personnages dénaturés, on peut dire que la direction artistique manque de sérieux. Les décors paraissent en carton et les costumes, tout droit sortis de chez H&M. Les vêtements que porte Marianne sont beaucoup trop contemporains pour que le public se croie au Moyen-Âge. Même chose pour Robin des Bois, qui se promène avec un manteau de cuir et des t-shirts en col en V. Si on avait senti une certaine satire dans les textes, on aurait pu excuser ce genre d'accessoires modernes, mais le film se prend beaucoup trop au sérieux pour qu'on justifie ces anachronismes par l'humour. Il faut voir ce grand bal où toutes les femmes semblent parader dans la plus récente collection du Château pour comprendre le ridicule de la situation.
Taron Egerton, que le grand public a connu notamment grâce à la franchise Kingsman, n'est pas complètement mauvais dans le rôle qu'on lui a demandé de personnifier. Ce Robin des Bois est sexy, révolutionnaire et frondeur, mais il n'est, en aucun cas, crédible. Le problème ne vient, par contre, pas de l'acteur qui l'interprète, mais plutôt des auteurs qui l'ont imaginé ainsi. Personne n'est très convaincant au sein de cette distribution, pourtant tout étoilée. Ben Mendelsohn, qui incarne le cupide Shérif de Nottingham, n'effraie personne et Jamie Dornan, qui entraîne Robin des Bois comme Mickey Goldmill dans Rocky, fait un Petit Jean invraisemblable.
Même si d'emblée, le narrateur nous demande « d'oublier tout ce que nous avons vu avant », nous ne pouvons nous résoudre à cette version de la légende de Robin des Bois. Il y a quand même eu des films plus ennuyants que celui-là dans l'histoire du cinéma, mais s'il vous est possible de l'éviter, on vous recommande d'éviter les flèches lancées gauchement par ce seigneur-justicier.
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Note : Il faut savoir que, dans cette version particulièrement, le nom français du protagoniste : « Robin des bois » n'a aucun sens. Le « hood » de « Robin Hood » est ici pris dans le sens de « capuchon ». La forêt ou les bois n'ont aucun rapport dans cette histoire...