Après Hellboy, Hellboy 2: The Golden Army et Pan's Labyrinth, le réalisateur mexicain Guillermo del Toro présente sont projet le plus ambitieux (en terme budgétaire) : Pacific Rim, un film de science-fiction mêlant les effets spéciaux attendus de ce type de production, les quelques leçons sur le courage et l'humilité qui vont aussi de soi, mais également quelques thématiques psychologiques plus abstraites qui s'avèrent intéressantes même si elles passent au second plan. Efficace sans être totalement concluant, le projet est maintenu ensemble par un humour qui fluctue beaucoup, mais pratiquement gâché par plusieurs incohérences.
Les acteurs, tous vaguement familiers, jouent avec une désinvolture qui passe près de faire tomber le film dans la parodie. Mais, peut-être à cause d'un nombre élevé de protagonistes, on passe assez rapidement d'un à l'autre pour ne pas que le film bascule vers l'humour pur. L'accumulation de scènes d'action y est aussi pour beaucoup. En ce sens, on a peut-être droit avec Pacific Rim au film le plus « estival » de l'été jusqu'à maintenant : combats, explosions et surenchère d'effets spéciaux sont au rendez-vous (et fort efficaces). Dommage que l'aspect psychologique des personnages, qui sert souvent d'enjeu dramatique (mort du père, du frère, lien psychique avec les kaiju, etc.) soit finalement plus souvent qu'autrement inutile.
L'ambitieuse théorie selon laquelle les jaeger, ces robots géants crées par les humains pour affronter les kaiju, nécessitent deux pilotes liés par un lien psychique risqué (« neural handshake ») devient rapidement un problème, tout comme le fonctionnement des jaeger, qui paraissent assez peu agiles en situation de combat. Vrai, à 10 ans, quand on frappe ensemble deux figurines dans une bagarre épique sur le tapis du salon, ça n'a pas beaucoup d'importance, mais dans un film qui admet un niveau aussi élevé de détails...
On aurait aimé que le récit soit plus prenant, plus fort symboliquement (ou peut-être simplement plus plausible), mais il faut aussi avouer que Pacific Rim réussit ce qu'il entreprend, c'est-à-dire se faire affronter des robots géants de 25 étages de haut et des créatures extraterrestres venues d'une faille de l'espace-temps au fond du Pacifique (c'est un créneau assez spécifique, j'en conviens).
Or, l'un des problèmes majeurs est certainement l'impression de déjà vu généralisée qui affecte le film, même si l'histoire en elle-même est originale : à certains moments on croit voir Independance Day, puis The Matrix, puis certainement Transformers (en plus intelligent) - et bien sûr Godzilla -, des références auxquelles il faut ajouter l'inspiration asiatique forte voulue par del Toro. Encore une fois, on est à la limite entre l'hommage et le pastiche (voire le plagiat), mais, par miracle peut-être, le film reste entier et s'avère tout de même satisfaisant.
Si l'idée de « film d'été » avait une définition précise, ce serait peut-être Pacific Rim. Le long métrage de Guillermo del Toro est pleinement conscient de ce qu'il a à faire, et il le fait, d'autant qu'il explore des eaux bien balisées. Il démontre cependant assez d'audace pour proposer un récit qui a ses traces d'originalité, mais qui est surtout ambitieux, puisant son inspiration dans la culture asiatique et des concepts philosophiques (travail d'équipe, partage des souvenirs) qui, à défaut d'être centraux, ajoutent une plus-value au projet qu'on ne retrouve pas toujours dans ces films obnubilés par les effets spéciaux.