Pacific Rim est certainement l'un des plus grands plaisirs coupables de la décennie. Un fantasme d'enfants où robots et monstres se tapent inlassablement sur la gueule pendant plus de deux heures en détruisant tout sur leur passage. Une oeuvre franchement amusante et visuellement impressionnante, représentant tout ce qu'aurait dû être les Transformers de Michael Bay. Si le film a fait chou blanc en Amérique du Nord, ce n'est pas le cas ailleurs sur la planète. Suffisamment pour qu'une suite voie le jour. Le seul problème est que son cinéaste Guillermo del Toro, trop occupé sur l'oscarisé The Shape of Water, n'est plus aux commandes du projet. Et cela paraît.
Les lacunes sautent aux yeux dès la longue introduction, s'accumulant jusqu'à la fin de cette production qui ne dépasse heureusement jamais les 120 minutes. L'action omniprésente et redondante est particulièrement illisible à regarder avec ses mouvements inutilement saccadés. On n'ose pas l'imaginer en 3D. Surtout qu'aucune surprise ne ressort de ces combats mécaniques... et qu'il faut attendre longtemps avant de finalement voir apparaître les monstres. L'humour puéril ne fait plus rire et même la musique excitante du premier volet a été remplacée par une trame sonore quelconque. Le nouveau réalisateur Steven S. DeKnight, qui a fait ses marques à la télévision, n'a aucun style, aucune personnalité, et c'est le spectateur qui en souffre.
Déjà que les scènes de combats laissent à désirer (celles tardives, assez spectaculaires, sauvent quelque peu la mise), il ne faut pas compter sur l'histoire pour relever la barre. Malgré la présence de pas moins de quatre scénaristes, le récit n'est fait que de clichés et de fils blancs. La riche matière première y est - la rédemption, la nécessité de travailler en équipe, les drones qui remplacent l'être humain - mais l'exécution fait défaut. On a encore droit aux éternels entraînements de recrues et à ces irrémédiables retours dans le temps pour expliquer le désir de vengeance d'un protagoniste.
Si les robots géants fonctionnent grâce à la cohésion de deux humains, ceux de Uprising ne vont jamais bien loin devant la fadeur des personnages, alors que les interprètes jouent chacun de leur côté. Il y a plein d'adolescents typés pour rajeunir le public cible comme l'énervante nouvelle venue Cailee Spaeny, un Scott Eastwood totalement dénué de charisme et John Bogeya qui se pense encore dans les deux derniers épisodes de Star Wars. Les vétérans ne peuvent rien leur apprendre, car la plupart (Charlie Hunnam, Ron Perlman) ont décidé de ne pas embarquer dans cette aventure. Charlie Day aurait dû les imiter, livrant une prestation royalement caricaturale. La logique du scientifique qu'il incarne fait également sourciller. L'exquise Rinko Kikuchi s'en sort mieux même si elle ne fait que passer.
Pacific Rim Uprising est à rajouter à la longue liste des suites qui n'ont absolument rien conservé de l'aura du titre original. Comment ce qui était si jouissif et divertissant il y a cinq ans peut être devenu aussi banal et sans saveur aujourd'hui? Ah oui, il y manque son âme, Guillermo del Toro. Il faudra le ramener de toute urgence s'il y a un troisième volet. On rêve déjà que les robots et les monstres affrontent King Kong, Godzilla et leurs amis.