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Respire
C'est un film simple qui fait réfléchir. Il expose la réalité du racisme. Ce film devrait être diffusé dans les écoles.
A bout de souffle.
Avec ce « Respire », Onur Karaman prend le pouls, c’est le cas de le dire, de sa ville et de certaines tensions qui y apparaissent depuis quelques années et dresse un état des lieux de ce que l’on peut appeler le racisme ordinaire comme peu de monde avait su le faire auparavant. Mais si le film se déroule à Montréal, il semble en être de même dans tout le Québec. On n’ira pas jusqu’à parler de tout le Canada au vu de la diversité et de la taille du pays mais en tout cas, rarement les tensions raciales, ce racisme devenu monnaie courante et la banalisation de la violence n’avaient aussi bien été pointés du doigts et décortiqués au sein du cinéma québécois. C’est donc avant tout un film qui sonne l’alarme et avertit son public que la Belle Province semble glisser sur la même pente que sa vieille cousine française en ce qui concerne ces thématiques sociétales. Malheureusement...
On ne cherchera pas la beauté de l’image ou une mise en scène esthétisante et recherchée avec « Respire ». C’est peut-être son principal talon d’Achille car ce n’est pas parce qu’on est dans du cinéma à tendance sociale pur jus qu’il faut en oublier la forme. Pas désagréable pour autant, elle est juste purement là pour capter les pulsations de l’histoire. La caméra de Karaman est toujours bien placée mais jamais elle ne cherche jamais à rendre ses plans jolis. Son long-métrage développe un visuel banal, presque similaire à un simple téléfilm. Cependant, ce qu’il nous raconte est passionnant. Et très bien analysé. L’engrenage de haine, de frustration et de violence sourde dans lequel les trois personnages principaux vont se retrouver est fascinant et captivant. On sent le point de bascule arriver d’un moment à l’autre et la tension est palpable à chaque instant et à chaque plan au détour de chaque scène.
Le constat est certes très sombre, presque nihiliste et la fin, très abrupte, nous laisse face à notre propre réflexion sur le sujet. Karaman nous assène des faits, réalistes et malheureusement devenus quelque peu triviaux, et nous emmène dans son sillage implacable où seule la confrontation et l’incompréhension semblent devoir gagner. Peu d’espoir donc dans « Respire » mais un signal d’alerte fort qu’une société qui se replie sur elle-même et qui a peur de l’autre va dans la mauvaise direction. C’est d’une justesse sans faille et d’une objectivité rare dans la vision des rapports entre communautés à Montréal. Tout le casting est au diapason et les situations imaginées pourraient se retrouver dans les faits divers du journal de demain. « Respire » assume ses thématiques et se révèle être une œuvre puissante sans en faire des tonnes. Parfois même, juste au travers d’un regard ou d’une expression, beaucoup de choses sont dites ou suggérées. Et le cinéaste et son script le captent de la meilleure des façons. Un bon film qui fait réfléchir.
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