******* Le film Pieces of a Woman est disponible dès maintenant sur Netflix. ***********
Pieces of a Woman n'est pas pour tout le monde. Il faut avoir le coeur solide pour affronter ce plan-séquence de 123 minutes, qui présente, dans les moindres détails, un accouchement à la maison qui tourne mal. Puis, l'intensité dramatique de l'ensemble nécessite une certaine force psychologique chez le cinéphile. La descente aux enfers d'une mère ayant perdu son bébé immédiatement après l'avoir mis au monde sera, pour plusieurs, insoutenable.
L'une des principales qualités de Pieces of a Woman est la compétence de ses interprètes. D'abord, Vanessa Kirby est bouleversante dans le rôle de la jeune femme endeuillée. L'actrice a d'ailleurs remporté un prix pour sa performance désarmante à la Mostra de Venise. Ellen Burstyn, qui incarne sa mère, s'avère tout aussi puissante. Elle livre d'ailleurs un monologue fiévreux, qui vous donnera des frissons. Puis, Shia LaBeouf, toujours d'une grande intensité à l'écran, nous déconcerte sous les traits d'un homme impuissant face à la détresse de sa conjointe.
Il faut dire que la première partie se révèle beaucoup plus efficace que la seconde. On perd, en chemin, un peu de vérité. Malgré la force du procès, on constate, à regret, qu'il n'est pas nécessaire. Il apporte, certes, une couche narrative intéressante, mais s'avère, finalement, superflu... surtout qu'on se doute du dénouement. Pieces of a Woman est un film d'auteur jusque dans sa moelle. Il ne faut donc pas se buter à sa lenteur, ses silences omniprésents et son indolence contagieuse.
Si vous vous sentez assez forts pour affronter Pieces of a Woman, vous ne risquez pas d'être déçus. La réalisation intime et chargée de Kornél Mundruczó vous habitera longtemps. Il s'agit d'une oeuvre marquante, parmi celles dont on se souvient longtemps, qui nous habitent (de façon un peu perverse) longtemps après le visionnement.