Il est rare qu'un long métrage d'action américain parvienne à réussir un amalgame parfait entre humour et action sans tomber dans la facilité ou l'incohérence. R.E.D., malgré certains développements inutiles et d'assommants passages mélo-dramatiques, réussit ce mélange enviable en plus de nous donner une piste de réflexion (mince, mais tout de même présente) sur la retraite et la vieillesse en général. Les effets spéciaux, utilisés avec parcimonie, sont réalisés avec une précision et une compréhension remarquable du médium et de l'esthétique du film (la scène où Bruce Willis sort de la voiture de police en marche et tire sur son ennemi est exécutée avec adresse et ingéniosité - on est loin des effets bâclés de Die Hard).
Frank Moses est un agent de la CIA à la retraite. Il mène une vie paisible, mais terriblement ennuyante, seul dans sa grande maison. Pour avoir la chance de parler avec un autre être humain, Frank déchire chaque mois son chèque de pension et appelle Sarah, employée du gouvernement, pour se plaindre qu'il n'a pas reçu son argent. Le jour où des assassins entrent chez lui dans le but de le tuer, il part rejoindre Sarah pour la protéger des ennuis qui l'attendent. Avec ses anciens partenaires, tous à la retraite, il tentera de découvrir qui veut sa mort et pourquoi.
La comédie prend une place aussi importante que l'action dans le long métrage, un aspect souvent négligé par les super-productions qui préfèrent les explosions à la dérision. Cette ironie qui enveloppe tout le film, ce caractère ludique (principalement amené par le personnage qu'incarne avec intelligence John Malkovich), nous permet d'entrer plus aisément dans l'univers fictionnel, d'être moins dérangés par les illogismes qui habitent le film d'action (ça a beau être Bruce Willis, qu'il élimine une vingtaine d'hommes, armés jusqu'aux dents, à lui seul sans une égratignure est plutôt farfelu).
L'ingénieuse réalisation est également l'une des raisons primordiales au succès de cette oeuvre américaine. Utilisant souvent des travellings (déplacement de la caméra au cours de la prise de vues) pour nous dévoiler progressivement des morceaux de l'image, le travail de Robert Schwentke s'inscrit dans une logique et un assemblage global pertinent. L'esprit loufoque - mais, tout de même sérieux - du film est respecté jusqu'à la fin, contrairement à plusieurs productions qui abandonnent leur démarche artistique au profit d'un simple divertissement - trop souvent - insignifiant.
Le scénario, qui lui aussi adhère à la thèse ludique du film, fait preuve d'une grande ingéniosité. Malgré son objectif avoué d'amuser le public dans sa plus simple expression, il parvient à faire réfléchir - ou du moins à interpeler intellectuellement - le spectateur sur la retraite et sur l'inéluctabilité de la vieillesse. Il y a quelque chose d'affligeant (mais d'aussi très drôle) dans le fait de voir un homme, ayant été agent secret gouvernemental toute sa vie, décider de décorer le devant de sa maison avec des pires ornements de Noël juste pour passer le temps, juste pour être « normal ».
Définitivement, R.E.D. est une réussite dans sa catégorie (film d'action). Il ne possède pas l'intelligence d'un Bourne ou le traitement visuel d'un Kick-Ass, mais étonne par ses manières indisciplinées et ses grandes aptitudes techniques.
Il est rare qu'un long métrage d'action américain parvienne à réussir un amalgame parfait entre humour et action sans tomber dans la facilité ou l'incohérence. R.E.D., malgré certains développements inutiles et d'assommants passages mélo-dramatiques, réussit ce mélange enviable en plus de nous donner une piste de réflexion sur la retraite et la vieillesse en générale.