La présence du réalisateur Robert Schwentke (Flightplan) au générique de ce film laissait craindre le pire (et il faut dire aussi que Bruce Willis n'est plus aussi en forme qu'il l'a déjà été). Mais, comme par magie, ce Red s'avère être un divertissement compétent avec ses moments inspirés. Le mélange d'humour, d'action et de nonchalance fonctionne bien, le dosage est efficace et on finit par s'amuser de voir un détournement aussi débonnaire des clichés de films d'action et de la Guerre Froide. C'est un peu ce que Salt aurait été s'il ne s'était pas pris au sérieux.
L'ancien agent de la CIA Frank Moses est à la retraite. Son quotidien quelque peu monotone est chamboulé lorsqu'il est la victime d'une attaque qui visait à l'éliminer. Afin de faire la lumière sur ceux qui souhaitent le voir mort, il se rend en Louisiane, en Floride, à New York et à Washington afin de trouver ses anciens équipiers, qui vont l'aider dans son enquête. Il traîne aussi avec lui Sarah, une téléphoniste de Kansas City qui'il a mise en danger et qu'il doit maintenant protéger.
La comédie d'action a la cote, présentement, sur les écrans nord-américains. Peut-être parce qu'on n'arrive plus à croire aux propositions des films d'action traditionnels (question de cohérence et de logique), on préfère maintenant s'éviter un lot de critiques en se plaçant sous le signe de l'humour et de la parodie. Sans être aussi savoureux que Machete, Red fonctionne assez bien pour satisfaire. Le film trouve le bon ton - tiré d'une bande-dessinée - pour faire rire, et il fonctionne la plupart du temps. Le scénario est suffisant et la réalisation compétente, dynamisée par l'humour, par la légèreté, donne à l'ensemble ce qu'il faut d'insouciance pour éviter la catastrophe.
Mais c'est surtout grâce aux performances décalées des comédiens secondaires, qui y vont tous à tour de rôle de leur petit moment fort, que le film fonctionne. Amusant et dynamique, leur apport est considérable, surtout depuis que Willis porte plus difficilement sur ses épaules le poids d'un film entier. L'attention est détournée, et cela permet à Bruce d'avoir lui aussi, ses moments forts, en particulier pendant l'amusante introduction. Et disons aussi que de voir la Reine d'Angleterre utiliser une mitraillette est un contre-emploi délirant.
Le film mise beaucoup sur la complicité entre les acteurs plutôt que sur un quelconque vilain, qui arrive très tard dans le récit. On n'en avait pas vraiment besoin, mais on s'est senti obligé d'avoir un dénouement. C'est d'ailleurs la partie la plus faible du film parce qu'il s'agit d'une rupture de ton (qui ajoute de la gravité à la situation) et que le tout semble forcé, inutile en quelque sorte. Dommage.
Red ressemble à Salt, en ce sens que le film a le même esprit nostalgique des années de la Guerre Froide et de l'espionnage international, tout en étant un film d'action. Sauf que Red est au fait de ses défauts et il les tourne en dérision. Voilà qui fait toute la différence : au lieu d'être simplement débilisant, c'est drôle. On s'amuse avec les personnages, plutôt que de rire simplement d'eux. Rien ne mérite d'être pris au sérieux dans la vie, surtout pas un complot gouvernemental...