Avec Red et The Expendables, entre autres, on semble entrer dans une nouvelle ère, celle où l'intérêt pour l'histoire est remplacé par les performances rocambolesques d'acteurs has-been. Comme l'était celui des deux Expendables, le récit de Red 2 est d'une inutilité et d'une précarité innommable. Il est question de méchants Russes, d'une arme de destruction massive, d'assassins professionnels qui s'entretuent, d'un savant fou et de notions contestables d'intégrité et de loyauté. Rien de bien original qui pourrait nous amener à parler de Red 2 comme d'une oeuvre à part et exceptionnelle... mais malgré la simplicité de sa trame narrative - et surtout son ridicule - le film parvient (assez étrangement) à nous faire passer un bon moment.
Est-ce Bruce Willis dans la peau d'un vieux retraité protecteur de sa petite amie empotée qui nous amène à passer outre les bévues du scénario? Ou peut-être est-ce les performances hilarantes de John Malkovich et Helen Mirren? Ce pourrait aussi être les cascades, toujours déphasées, mais fort bien montées, qui nous convainquent si facilement de la non-nécessité d'une histoire bien ficelée. L'humour a sûrement également quelque chose à y voir. Les répliques, au contraire du récit global, ont été rédigées avec une grande perspicacité et un sens du rythme effarant. Les blagues ne fonctionnent pas toutes aussi efficacement, mais elles arriveront très certainement à dérider le spectateur le plus coriace au moins une fois.
On reprochera peut-être à Red 2 sa violence excessive. Il est vrai que le film fait beaucoup de victimes et les exécutions sont parfois sadiques, mais comme elles sont généralement accompagnées par un commentaire inapproprié de l'un des nombreux personnages colorés de la production, on excuse assez aisément les nombreux corps laissés derrière et le sang versé (sang qui d'ailleurs n'est pas très abondant, ce sont des meurtres très propres que font Frank Moses et sa bande d'anciens agents de la CIA).
Visuellement, Red 2 étonne aussi. Chaque différente incursion des personnages dans une nouvelle ville européenne est introduite par une image issue de la bande-dessinée dont le film est tiré. En plus de situer le spectateur et d'améliorer le sous-titre traditionnel, ces passages démontrent l'aspect caricatural de l'oeuvre et lui permet, entre autres, de dédramatiser ses gestes condamnables. Même si plusieurs scènes ont été tournées à Montréal, le cachet des villes européennes ressort tout de même à l'écran et ce dernier vient habilement contraster avec la sauvagerie de certaines scènes, en plus d'engendrer des séquences humoristiques délicieuses.
L'histoire de Red 2 est plutôt mauvaise; l'arme de destruction massive dans le Kremlin ce n'est pas l'idée la plus révolutionnaire qui soit, mais les personnages colorés, le sarcasme et l'action bien calibrée sont suffisamment d'éléments favorables pour nous faire oublier cet accroc, pourtant majeur. Il faut dire que voir John McClane magasiner du papier de toilette chez Costco apporte une certaine satisfaction que même un mauvais scénario ne peut amenuiser...