Ah ! la fin du monde. Même si des dizaines de films ont abordé le sujet de toutes les façons (catastrophes naturelles, punition divine, comédies, drames, Melancholia, etc,), il reste assez difficile d'imaginer l'ambiance d'une fin de l'humanité (ce terme est plus exact) anticipée et son impact sur les principaux intéressés. Dommage, mais Seeking a Friend for the End of the World ne se contente pas de ce filon et, après une introduction vraiment stimulante, préfère revenir à une formule plus classique qui ne parvient pas à se renouveler.
Les trois dernières semaines avant la fin du monde seront sans doute un solide party. C'est la proposition de ce film et c'est aussi la seule conclusion logique : trois semaines à vivre et il n'y a plus de conséquences, qu'est-ce qu'on fait? (J'ai des suggestions...) Les meilleurs rires du film se trouvent dans cette idée de génie : un point d'insouciance généralisée où plus rien n'a d'importance. Les gags s'enchaînent, les personnages secondaires, tous plus hilarants les uns que les autres, viennent détourner les attentes et on rit vraiment et beaucoup et de bon coeur. Puis, Dodge quitte bêtement le party, refuse de participer à ce film qui semblait être une comédie pour se rendre dans cet autre film qui est un drame existentiel tirant sur la comédie romantique et sur la quête du père. Et c'est là que les ennuis commencent. Et l'ennui aussi.
Soudainement, Seeking a Friend for the End of the World devient long, redondant, et bien moins maîtrisé; même les décisions des personnages n'ont plus la moindre logique, même interne. C'est la fin du monde, qu'est-ce qui compte vraiment? Des personnages secondaires apparaissent dans le troisième acte sans justification et viennent détourner la construction dramatique du récit, qui est pourtant bâtie minutieusement par la scénariste. Des scènes qui n'ont pour seul but que d'être larmoyantes et qui échouent misérablement. C'est la fin du monde, est-ce qu'on a le temps de pleurer? Vous décidez...
Les comédiens sont en phase avec le film; la plupart des rôles secondaires sont défendus par des acteurs dynamiques qui vivent chaque seconde comme si c'était la dernière (parce qu'elle l'est), et les acteurs principaux, Steve Carell et Keira Knightley, dont la complicité s'avère minimale, semblent eux aussi trouver le temps long. Et puis; on savait déjà que la scénariste devenue réalisatrice Lorene Scafaria aimait la musique (Nick and Norah's Infinite Playslit), mais à ce point? Pratiquement toutes les scènes sont enrobées d'une musique envahissante et pas toujours bien intégrée.
Au final, Seeking a Friend for the End of World est un peu le même type de film que The Invention of Lying, qui mettait en vedette Ricky Gervais. Une idée de génie, une mise en situation sublime, gâchée par un problème de taille auquel font face tous les scénaristes : qu'est-ce qui se passe après (la bonne idée)? Ironiquement, ici, la bonne idée c'est la fin du monde et il ne se passe rien après, mais ce n'est pas ce que je veux dire, vous aurez compris...