C'est maintenant presque une certitude dans le monde du cinéma d'animation; quand c'est Pixar, c'est rarement mauvais. Il y a bien sûr des exceptions (Cars 2 n'était peut-être pas à la hauteur des attentes), mais règle générale, cette compagnie de production a su, en plus de révolutionner le monde de l'animation, continuellement se renouveler et repousser les limites qu'elle a elle-même instituées. En voyant les premières images de Brave, certains (comme moi) avaient de véritables doutes sur le potentiel d'un sujet comme le Moyen-Âge en 2012; c'est une période qui vient et revient à la mode périodiquement dans l'histoire du cinéma, mais qui n'a pas été exploitée sérieusement depuis un bon moment déjà. Et - contrairement à ce que certains (comme moi) pensaient -, c'est probablement cette absence d'engouement, ce manque d'intérêt général, qui fait toute la fraîcheur de l'oeuvre.
L'anti-princesse est un concept que le cinéma d'animation (et même d'action réelle) chérit depuis quelques années. Celle qui ne veut pas respecter les règles et les traditions, celle qui sait se battre et se défendre elle-même, celle qui n'attend pas qu'on vienne la sauver ou la protéger pour agir, sont des prescriptions fort populaires pour dépeindre la princesse du 21e siècle. Évidemment, Mérida, la rouquine archère et cavalière de Brave, ne fait pas exception. Elle est même la plus flagrante représentation de cette anti-princesse si prisée par Hollywood. Mérida est un personnage fascinant à qui de nombreuses petites filles pourront s'identifier. C'est une adolescente qui préfère escalader les montages et chevaucher sur son destrier dans la forêt plutôt que d'apprendre les bonnes manières d'une Reine coincée qu'elle se doit d'appeler Mère. Elle est très imparfaite, très impulsive et naïve, mais elle apprend de ses erreurs et finit toujours par réparer ses bourdes, aussi monumentales soient-elles. Le personnage du Roi, le père de Mérida, est également un individu très attachant qui apporte un aspect humoristique bienvenu à la narration.
L'histoire s'avère généralement assez simple et linéaire pour que les petits suivent sans trop de problèmes. Il y a peut-être quelques embardées vers l'exposé de contes et légendes anciennes qui pourraient confondre périodiquement les bambins, mais rien d'irréversible. Comme c'est aussi la tradition dans les « nouveaux » films d'animation (on se rappellera du troublant passage dans Toy Story 3 où les jouets risquent d'être avalés par un broyeur géant), Brave contient certains passages plus angoissants pour les touts petits. Les gros ours noirs bossus et borgnes ne sont pas attendrissants et la vieille sorcière dans son antre lugubre n'est pas non plus des plus sympathiques.
Vaut-il vraiment la peine que je mentionne que la qualité de l'animation et de la musique (montage sonore et chansons) est impeccable? Ces variables ne sont plus à prouver, surtout pas pour Pixar. Ce qui était difficile à reproduire en animation avant; l'eau, les cheveux, le mouvement des nuages ou de l'herbe, est aujourd'hui tellement bien maîtrisé qu'il est difficile de croire qu'il y eut une époque où on évitait certaines scènes pour ne pas à avoir à dessiner ces sujets. Brave est une autre réussite de la maison-mère de Luxo. Mais, personne ne saura vraiment surpris de la qualité et du succès que remportera le film puisqu'après tout : quand c'est Pixar, c'est rarement mauvais...