Le duo qui nous a donné le pénible San Andreas en 2015 (Brad Peyton-Dwayne Johnson) récidive avec une proposition encore plus saugrenue que la précédente (qui aurait pu croire qu'on pouvait faire pire que le sauvetage in extremis d'une fillette prisonnière d'une voiture démantibulée accrochée à une branche sur le flanc d'une montagne en descendant en rappel depuis un hélicoptère à l'engin défaillant?). Oui, The Rock est toujours capable de plus.
Déjà, la bande-annonce nous avait estomaqués. Ce n'est pas une blague. Hollywood a vraiment investi 120 millions $ dans un film sur des animaux sauvages ayant subi une réécriture génétique après avoir été exposés à un gaz pathogène développé sur une station spatiale. Eh bien. Maintenant que ce film existe et qu'il nous est impossible d'empêcher la contamination à toute l'espèce cinéphilique, critiquons-le...
Les amateurs de films-catastrophes, de films de séries B ou de films de monstres trouveront peut-être dans Rampage certains éléments caractéristiques qui leur plairont, mais, peu importe ses allégeances, il reste difficile d'être captivé par ce produit loufoque sorti tout droit de la machine à saucisses hollywoodienne. Si les (nombreux) scénaristes s'étaient investis davantage dans un style en particulier au lieu de se jeter dans tous les sens à la recherche du plus gros divertissement, peut-être que le résultat aurait été moins confus.
Ils auraient aussi pu choisir la voie (facile) de l'exagération et faire de Rampage un film de série B humoristique grand public, mais le long métrage dans sa forme actuelle est trop sérieux (malgré son sujet excessivement invraisemblable) pour être pris au deuxième degré. C'est quand même en le considérant comme une comédie que le public y gagne le plus. Malheureusement, les blagues ne sont pas suffisamment drôles pour que l'humour prenne le dessus sur notre exaspération. Les auteurs n'ont pas fait beaucoup d'efforts afin de construire une histoire pertinente autour de tout ce boucan non plus. La méchante compagnie qui élabore des armes de destruction massive et le primatologue, ancien soldat, ami avec un gorille, qui devient le héros du jour grâce à un tas de coïncidences grotesques manque certainement de nuances et de profondeur.
Les créatures génétiquement modifiées (un loup géant avec des épines qui sait voler, un crocodile gigantesque avec des dents de requin blanc et un gorille puissant qui se régénère comme Wolverine) s'avèrent tout de même visuellement bien réalisées. Il faut dire aussi qu'il n'y avait personne de mieux disposé à interpréter le protagoniste de cette histoire à dormir debout que l'ancien lutteur The Rock. Son regard intense et ses gros bras collent parfaitement au carnage dépeint dans Rampage. Malheureusement, c'est loin d'être suffisant.
Ceux qui ont dévoré la série Sharknado seront peut-être emballés par cette monstrueuse proposition de Warner Bros, mais, pour ceux qui ne sont pas excités par un loup géant qui dévore un hélicoptère en faisant un vol plané du haut d'un immeuble de 82 étages, on vous prie de vous abstenir pour cette fois.