Trop de suites finissent par tuer une licence. C'est pour ça que les dérivés ont été inventés. La plupart n'arrivent pas à la cheville de leur modèle (Star Wars, The Conjuring), alors qu'il y en a des rares qui parviennent à le dépasser (Logan, Master Z: Ip Man). Sans être très bon, il faudra classer Hobbs & Shaw dans la seconde catégorie.
C'est sans doute parce que la série Fast & Furious n'a jamais brillé par sa qualité. Malgré des épisodes qui se sont améliorés au fil des années, il s'agit sans cesse du même produit: un mélange souvent grossier d'action, de rires, de poursuites automobiles et d'engueulades. Un film qu'il faut prendre pour ce qu'il est. Au diable la prise de risques comme dans les James Bond, Mad Max et autres Mission: Impossible si une valeur sûre cartonne au box-office.
Voilà justement ce que propose Hobbs & Shaw. Rien n'est à prendre au sérieux dans cette création complètement folle et exagérée, où les affrontements défient la gravité. Il y a de réels morceaux de bravoure et quelques moments d'anthologie. Surtout que Dwayne Johnson et Jason Statham s'amusent à se chamailler comme des grands enfants de six ans, se lançant des vacheries à qui mieux mieux.
Sauf qu'au-delà de ses spectaculaires moments de testostérone entre chauves musclés, le long métrage a bien peu à offrir. Le scénariste Chris Morgan qui écrit la série depuis Tokyo Drift (le troisième tome... le neuvième est présentement en tournage) est à nouveau sur le pilote automatique, étant cette fois aiguillé par Drew Pearce (le responsable du navrant Hotel Artemis). Il ne faut donc pas se surprendre que le semblant d'intrigue soit si affligeant, mettant encore une fois à l'honneur toutes ces morales collantes sur la famille et la nécessité de travailler en équipe. Si au moins il y avait un quelconque jeu psychologique sur la dualité des deux héros, comme ce fut le cas chez l'explosif Heat où Al Pacino se mesurait à Robert De Niro...
La mise en scène survitaminée de David Leitch (Deadpool 2, Atomic Blonde) a beau jouer fort dans les coins pour oublier ces inconvénients (mention spéciale au superbe montage parallèle en guise d'introduction), il n'y a rien à faire. La production souffre de ses excès, de ses répétitions sans nom et de sa durée interminable qui ferait passer le dernier opus de Quentin Tarantino pour un court métrage.
Il ne faut surtout pas se rabattre sur le méchant pour amener un peu de vie à l'entreprise. Malgré son immense talent, Idris Elba peine à animer cette sorte de Terminator terroriste. Au moins, on peut compter sur l'excellente Vanessa Kirby pour botter des culs (le prochain dérivé, on le veut sur elle). Puis il y a ces irrésistibles et savoureux caméos qui méritent presque à eux seuls le prix d'entrée.
Hobbs & Shaw est un peu à Fast & Furious ce que Bumblebee était aux Transformers. Un passe-temps vide et énergique, divertissant jusqu'au moment où il devient lassant. Le succès est toutefois garanti. D'autant plus que ses trois scènes cachées pendant son générique final annoncent la naissance d'une nouvelle franchise. Enfin un peu de compétition pour Marvel...