Puisque le quatrième chapitre de la franchise Fast and Furious a été le plus populaire de la série - avec 155 millions $ en recettes au box-office nord-américain et 198 millions $ dans le reste du monde -, la suite était (malheureusement) inévitable. Mais après cinq films sur le même sujet, réussit-on à se renouveler? Peut-on affirmer - honnêtement - qu'il y avait encore des choses à raconter sur cet ancien policier de Los Angeles et ce criminel baraqué et intègre? La réponse est évidemment implicite.
Le but principal de l'oeuvre n'est évidemment pas d'émouvoir ou de toucher le public, mais bien de le distraire de la manière la plus rudimentaire qui soit. Alors pourquoi se croit-on obligé d'insuffler de soudaines valeurs familiales et une mélancolie déroutante aux personnages, que l'on considérait pourtant jusqu'à maintenant comme virils? Lorsque les deux hommes discutent nonchalamment sur la galerie de leurs souvenirs d'enfance ou sur l'importance de l'amitié, on a davantage l'impression d'assister aux assises d'une comédie qu'au noeud d'un film d'action. Les bons sentiments et les affres de l'âme n'ont pas leur place dans ce genre de production; si on produit un film de « chars « avec des fusils, des pitounes et des dialogues irrévérencieux, il faut au moins avoir le courage de l'assumer jusqu'au bout.
Même si la formule simpliste avait, par le passé, prouvé son efficacité, on a tout de même tenté de complexifier la structure du récit en s'inspirant de différentes oeuvres de vols de banque, comme Ocean's Eleven par exemple (les références à ce dernier sont d'ailleurs parfois si évidentes qu'on pourrait croire à un pastiche ou un hommage). Cette altération narrative n'est pas entièrement réussie, mais assure tout de même un rythme profitable au récit et stimule un intérêt nouveau du public. Malheureusement, cette architecture actancielle intéressante n'empêche pas l'oeuvre de souffrir de plusieurs temps morts et de plusieurs développements trop laborieux - inutile d'en discuter pendant vingt minutes, passez à l'action.
Bien sûr, Fast Five ne serait rien sans ses scènes d'action effrénées au coeur de la ville, ses femmes sulfureuses et ses quelques répliques vulgaires (« les activités vaginales seront à l'honneur » est probablement la pire d'entre toutes - ou la meilleure selon le point de vue; Shakespeare peut aller se rhabiller). Les effets spéciaux sont, en général, très bien réussis. Certaines séquences, comme l'énergique préface et le plongeon gracieux des deux protagonistes dans un ravin, pourraient même être qualifiées de mémorables.
Fast Five n'est évidemment pas un chef-d'oeuvre de la cinématographie américaine, ça, tout le monde le savait et on s'en contentait. Mais pourquoi a-t-il fallu qu'on astreigne des émotions démesurément intenses à des personnages aussi vides que la performance des acteurs qui les incarnent? La réussite d'une superproduction telle que celle-ci se trouve tout autant dans la cohérence et le cran des auteurs que dans l'effervescence des scènes d'action, et ce manque d'assurance qui a poussé les scénaristes à élaborer des enjeux affectifs et romanesques dépouille l'oeuvre de toute crédibilité (et déjà que ce n'était pas le point fort des opus précédents...).
Les bons sentiments et les affres de l'âme n'ont pas leur place dans ce genre de production; si on produit un film de « chars » avec des fusils, des pitounes et des dialogues irrévérencieux, il faut au moins avoir le courage de l'assumer jusqu'au bout.
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