Zootopia rencontre Die Hard qui est croisé avec La chèvre. C'est ce que propose Raid dingue, la nouvelle comédie hystérique de Dany Boon.
Depuis le sympathique La maison du bonheur en 2006, chaque nouvel effort qui est réalisé et scénarisé par Dany Boon devient plus fou que le précédent. Après avoir atteint des sommets de drôlerie grâce à Bienvenue chez les Ch'tis, la débâcle ne s'est pas fait attendre avec Rien à déclarer et surtout Supercondriaque. Sans être aussi affligeant que ce méga navet, Raid dingue risque seulement de plaire aux amateurs invétérés de son créateur.
Se moquant allègrement des oeuvres d'action des années 80 et des productions populaires qui mettaient en vedette Bébel (alias Jean-Paul Belmondo), le long métrage suit les péripéties de Johanna (Alice Pol), la fille gaffeuse du ministre de l'Intérieur qui rêve de se joindre au RAID : une prestigieuse unité d'élite de la Police nationale française. Sauf que tout le monde la dissuade, à commencer par Eugène (Dany Boon), un supérieur misogyne qui doit la dégoûter de ce métier.
Ce grand succès au box-office français ne renie jamais ses impératifs commerciaux. Les gags sont omniprésents, faciles et ils ne touchent pas toujours la cible. Les situations cinglées se succèdent et leur accumulation rend la progression à la fois aberrante, affligeante et fascinante. L'excès est tel qu'on finit par s'esclaffer lors d'un moment qui n'est pas forcément rigolo. Pourtant tout y est parfaitement prévisible et la mise en scène passe-partout est au service de l'effet comique et non pas de l'histoire.
Le spectateur qui ne veut pas penser et qui cherche un divertissement puéril qui sera vite oublié risque d'y trouver son compte. Mais dès qu'on se met à réfléchir plus que quelques secondes, les problèmes apparaissent. Alice Pol a beau être énergique en alter ego féminin du cinéaste, son personnage s'apparente à un Pierre Richard en plus irritant. Pour une rare fois qu'on présente une héroïne dans un film d'action, il fallait la rendre naïve, écervelée. Plus sobre (!) est Dany Boon qui continue sur sa lancée entamée avec Lolo et Radin!, faisant glousser au passage. Le reste de la distribution est particulièrement relevée, bien que les stéréotypes et le mauvais goût l'emportent. C'est toujours difficile d'affirmer avec certitude s'il faut pleurer ou se divertir en apercevant Sabine Azéma en homophobe hautaine, Yvan Attal en piètre méchant avec un accent pas possible qui gesticule continuellement et Michel Blanc en simulacre de ministre.
La mer de clichés emporte tout sur son passage et il n'y a rien à prendre au sérieux. Si seulement le récit avait poussé à fond la parodie irrévérencieuse. Au lieu de ça, on coupe l'effet déridant avec des leçons de vie appuyées et une romance imbuvable, avant de faire l'apologie des forces de l'ordre. Une propagande parfois douteuse, dont les scènes musclées - il est question d'une organisation terroriste qui multiplie les vols et les prises d'otages - laissent songeur devant l'actualité des dernières années. Raid dingue semble issu d'une autre époque, où l'on pouvait laisser ses préjugés dicter le rire, et qui ne trouve plus vraiment écho de nos jours, si ce n'est qu'en se sentant coupable d'avoir souri.