2 Guns est un film anonyme, l'une de ces productions interchangeables à budget moyen produites périodiquement par la machine hollywoodienne. Le précédent long métrage américain de Baltasar Kormákur - Contraband (qui mettait également en vedette Mark Wahlberg) - avait le même défaut d'indistinction. Il y a peut-être quelques jeux de caméra, quelques plans plus découpés et un montage fractionné qui permettent à la production de se démarquer, mais, dans l'ensemble, 2 Guns reste banal et on ne peut plus conventionnel.
Le film veut préserver le mystère jusqu'à la fin; tant au niveau des intentions des personnages, de leur passé, de leur rôle au sein de l'histoire ainsi que de celui de leurs ennemis et de leurs patrons. Le mystère est une bonne chose, il arrive généralement à captiver le spectateur et à l'inciter à vouloir connaître la suite, la fin. Mais, s'il est mal articulé - comme ici - il peut devenir lourd et entraîner l'effet contraire à celui désiré et ainsi désintéressé le public. Dans un univers où les héros du film sont des faux criminels qui croient cambrioler une banque mexicaine sans importance pour coincer un caïd, mais qui se retrouvent avec une CIA corrompue dans les pattes et des ennemis qu'ils croyaient des alliés à leur trousse, il y a de quoi perdre la concentration fractionnelle d'un cinéphile venu se détendre avec un film d'action léger.
Les séquences d'action (quoique souvent exagérées; les explosions sont longtemps démesurées et les fusillades peu réalistes) offrent tout de même une bonne dose d'effervescence à celui qui était venu chercher un simple divertissement. Les effets spéciaux sont, pour la plupart, bien exécutés, et la musique et l'ambiance sonore viennent compléter habilement ce concours d'hostilités.
Denzel Washington et Mark Wahlberg jouent le rôle qu'ils doivent jouer; des agents doubles floués dont les personnalités incompatibles les amènent à se quereller. Il n'y a pas là de performance d'acteur remarquable ni de répliques mémorables. Que des personnages unidimensionnels, joués de manière tout aussi linéaire. Le personnage de Wahlberg avait bien quelque chose d'intrigant avec son passé de soldat radié, trahi par son supérieur, mais on a choisi de ne pas développer son curriculum et de le laisser faire des clins d'oeil aux serveuses et des blagues discutables sans plus de précisions sur ses origines. Heureusement, la chimie entre Wahlberg et Washington est perceptible à l'écran et permet à ce duo de ne pas tomber dans un profond désintérêt.
Comme on l'a dit plutôt, il n'y a rien dans 2 Guns qui nous permettra de nous souvenir de ce film-ci et qui l'empêchera de tomber littéralement dans l'oubli. L'irrévérence de 2 Guns, sa désinvolture communicative et l'insolence dans ses textes et dans ses actes auraient pu lui permettre de se différencier, mais, malheureusement, elles ne sont pas suffisantes pour soutenir la production et justifier ses lacunes. Un autre petit film anonyme dont on aura oublié l'existence avant la sortie du prochain long métrage du même genre.