Sofia Coppola, fille de l'un des plus célèbres réalisateurs modernes (Francis Ford Coppola), a compris depuis longtemps le pouvoir du cinéma et ses incommensurables possibilités. Peut-être est-ce sa très jeune immersion au coeur de l'univers cinématographique ou une sensibilité particulière qui fait d'elle une émissaire privilégiée de la détresse humaine, mais chose certaine, cette femme possède une force communicative exceptionnelle et une finesse artistique plus qu'enviable. Après l'erreur de parcours qu'a été Marie Antoinette, la cinéaste nous revient enfin avec un film épuré, honnête, poétique, à l'image de ses oeuvres précédentes. On retrouve dans Somewhere la même vulnérabilité qui avait fait de Lost in Translation un imminent succès, en plus d'une touche de tendresse et de désinvolture complémentaire.
Johnny Marco est un acteur hollywoodien qui habite au Château Marmort, l'un des plus prestigieux hôtels d'Hollywood. Entre les tournées de promotion, les galas, les fêtes et autres évènements mondains superficiels, Johnny s'ennuie et ne peut que constater toute l'insipidité de son existence. Un jour, il reçoit la visite de sa fille de 11 ans, Cleo, qu'il doit garder jusqu'au moment de la reconduire à son camp d'été. En sa présence, il comprend à quel point il a été un mauvais père, un mauvais mari ainsi qu'un être humain abject.
Les silences lourds, poignants, pénétrants, sont un peu la marque de commerce de l'artiste, qui tourne un film comme elle écrirait un poème ou peindrait un tableau : avec passion et humanité. Ces séquences muettes qui, en temps normal, nous donnent le temps de ressentir l'émotion véhiculée par le personnage qui s'engage dans une introspection salutaire sont malheureusement ici d'une omniprésence étouffante. Leur multiplicité nuit considérablement à leur efficacité. On aurait sûrement gagné à nous donner davantage d'indices sur le passé ou les aspirations du protagoniste plutôt que de continuellement nous amener à présumer son état d'esprit. Cependant, plusieurs passages restent tout de même percutants, voire transcendants, notamment la première scène et celle des acrobaties juvéniles de Cleo sur la glace.
La réalisatrice est parvenue à introduire à son oeuvre des moments cocasses et loufoques sans la déposséder de sa mission dramatique. Il faut voir les danses-poteaux risibles - supposément érotiques - de ces deux jumelles blondes pour comprendre toute l'ironie et la force de dérision derrière le film de Coppola. La scène où la fillette explique en ses mots à son père que le livre qu'elle dévore raconte l'histoire d'une jeune femme amoureuse d'un vampire et amie d'un loup-garou est également un moment criant de vérité (elle a peut-être un père célèbre, mais, comme toutes les petites filles, elle lit Twilight et rêve de Robert Pattinson).
Même si la conclusion est amèrement décevante (disons même les quinze dernières minutes), la plupart des scènes, en plus d'être visuellement magnifiques, ont leur raison d'être dans le long métrage. Tout a été judicieusement dépouillé pour ne conserver que l'essentiel. Même si les dialogues nous semblent parfois insignifiants et stériles, ils font partie d'un ensemble logique qui a été soigneusement orchestré pour nourrir une histoire simple, mais pourtant, immensément puissante. Le film de Sofia Coppola parviendra, sans aucun doute, à ébranler « positivement », par sa beauté et sa candeur, celui qui sait se laisser imprégner et transporter.
Sofia Coppola a compris depuis longtemps le pouvoir du cinéma et ses incommensurables possibilités. Après l'erreur de parcours qu'a été Marie Antoinette, la cinéaste nous revient enfin avec un film épuré, honnête, poétique, à l'image de ses oeuvres précédentes.
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