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Extase neurasthénique.
Luca Guadagnino nous a émerveillé, transcendé, envoûté, ému, conquis et charmé avec ses quatre derniers films (plus d’ailleurs que ses quatre premiers). L’inoubliable et sublime romance gay « Call me by your name ». Le tétanisant, génialement horrible, gore et bizarre remake de « Suspiria ». La magnifique et poétique romance cannibale « Bones and all ». Le charmant, coquin et sulfureux « Challengers ». Un quartet d’œuvres en or massif, entre le chef-d’œuvre et l’excellence pour une décennie de grands films avec ce cinéaste italien filmant le désir comme personne avec une identité propre et reconnaissable. C’est dire qu’on est un peu déçu de son dernier film, lui aussi fortement axé sur le désir et qui semble être une variation aux personnages plus âgés et dans le passé de son inégalable « Call me by your name ». Le cinéaste adapte une partie de l’autobiographie de l’écrivain - controversé pour l’époque - William S. Burroughs. Un film sans véritable scénario qui s’apparente plutôt à une errance, une quête intérieure où la notion de désir est prédominante. Malheureusement et malgré une première partie plus avenante, « Queer » souffre d’un rythme trop lancinant et d’une dernière partie onirique peu convaincante malgré une esthétique irréprochable.
Car oui, l’écrin du long-métrage est indéniablement sublime. Guadagnino recrée un Mexico semblant tiré d’un vieux film colorisé des années 50 justement. Les décors semblent aussi vrais qu’en carton-pâte et la photographie est à se damner. Le film nous immerge dans ce quartier interlope fréquenté par la clientèle gay américaine pour un rendu hors du temps, comme en apesanteur. En outre, « Queer » nous gratifie de quelques tableaux poétiques et visuellement grandioses. On est donc totalement comblé par l'esthétique du film tout comme par l’interprétation. Daniel Craig se met à nu dans tous les sens du terme et livre la prestation la plus osée de sa carrière, surtout si on la met en perspective avec son rôle très virile de James Bond. Sans jamais forcer le trait queer il est excellent tout comme son jeune comparse Drew Starkey, nouveau venu prometteur à la sensualité incontestable. Mais n’oublions pas deux seconds rôles complètement perchés incarnés par un Jason Schwartzman méconnaissable et très amusant en ami gay et gras de l’écrivain à la vulgarité assumée tout comme une Lesley Manville déchaînée et jubilatoire en vieille scientifique adepte des drogues et perdue au fin fond de la jungle.
Alors qu’est-ce qui cloche dans « Queer »? Surtout que lors de la première partie, on se plie au rythme nonchalant et aux atermoiements du personnage et de sa proie hésitante. C’est même presque envoûtant et rappelle ses précédents travaux. En fait, à force, le film se traîne et abuse des longueurs et des répétitions à tel point qu’on en sort. Le but de Guadagnino devait probablement être de nous absorber dans cette errance et de nous faire ressentir cette façon d’appréhender le temps et la vie retranscrite par Burroughs dans son ouvrage. Mais si certains pourront se plonger dans cette neurasthénie programmée, il n’en sera pas de même pour tous. Et le dernier tiers, lorsque les protagonistes partent en voyage à la recherche d’une nouvelle drogue qu’ils veulent tester, on décroche. « Queer » fait le choix de l’onirisme (avec d’ailleurs des visuels assez étranges et stupéfiants matérialisant probablement bien le ressenti avec la prise de ladite drogue) mais on s’ennuie. C’est étiré et les paradis artificiels représentés ici nous font totalement nous déconnecter tant la notion de désir et de romantisme n’est plus. On ne peut dire que ce long-métrage ne soit pas abouti, au contraire, mais il ne nous a pas convaincu.
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« QUEER » ? quel titre affreux !
Ici le même réalisateur du célèbre « Call me by your name » d’une sensualité cinématographique époustouflante mais cette fois il soulève l’univers « fantasmagorique » démesuré de Burroughs (31 ans) des années ’50 à New York…la bande de copains est là à fourmiller d’extase comme des caves dans Greenwich Village. Le très séduisant Jack Kerouac. 24 ans, le « Johnny Weissmuller » convoité des deux sexes/ prêt à tout! « à plonger » dans les paradis artificiels » la démesure pour secouer grande blessure/ le personnage tourmenté d’inspiration pour « Brokeback Mountain » joué par Heath Ledger, c’est Kerouac, non?), ami-amant avec le prolifique Allen Ginsgberg (19 ans) (voir Allen Ginsberg sur Google-image pour la photo avec Jack Kerouac)…mais ce couple d’acteurs ici Daniel Craig, l’exilé, et Drew Starkey, le Tadzio de Visconti, sont aussi renversant « de finesse » dans la composition de leur personnage… voilà donc « une touche » du déjà célèbre cinéma Italien; « …à la Visconti ! »