Depuis ses premiers longs métrages animés (on remonte ici aussi loin que la fin des années 30 avec le classique Snow White and the Seven Dwarfs), Disney a toujours aimé mettre en scène des héros acculés au pied du mur qui arrivent à leurs fins grâce à leur courage et à leur ténacité. C'est d'autant plus vrai dans leurs biopics inspirés d'une histoire vraie qui prennent l'affiche annuellement. Sans être de grands films, Million Dollar Arm et McFarland fonctionnaient dans leur genre, insufflant un certain espoir lorsque la partie semblait perdue d'avance. Pourquoi Queen of Katwe, qui est fait du même bois, échoue dans son exécution?
L'histoire n'est pourtant pas banale. Une fillette d'Ouganda issue d'un milieu pauvre a apporté fierté et joie de vivre à son pays en devenant une championne des échecs. C'est un récit édifiant, beau et terriblement humain, dont l'émotion ne transpire jamais à l'écran.
Le scénario de William Wheeler et de Tim Crothers qui est adapté d'un livre à succès n'est cependant jamais à la hauteur de son sujet. Dès qu'un personnage ouvre la bouche, c'est pour faire passer un message, véhiculer une morale. On ne compte plus les métaphores d'échecs comme « petit pion peut devenir une reine » et la façon de transmettre l'information n'aurait même pas été enseignée dans un cours de cinéma de Cégep.
De quoi en rire la plupart du temps, et quel exploit des acteurs de demeurer crédibles malgré ce qu'ils peuvent dire. La nouvelle venue Madina Nalwanga s'avère d'ailleurs une découverte particulièrement rafraîchissante. Son professeur campé par David Oyelowo livre une prestation juste bien qu'il ne possède pas nécessairement un rôle pour exploiter son immense talent (ce n'est pas Selma ou Nightingale). Lupita Nyong'o en mère forte fait également bonne figure, rappelant du coup que sa performance bouleversante dans 12 Years a Slave n'était pas due au hasard.
Ce que cette production aurait eu besoin pour faire oublier son côté mièvre et donneur de leçons est une mise en scène digne d'intérêt. Peut-être pas quelque chose d'aussi éclaté et clinquant que le Slumdog Millionaire de Danny Boyle, mais une réalisation qui permet de ne plus penser au script laborieux. La réputée cinéaste indienne Mira Nair possède peut-être une signature (quoique son dernier bon film remonte à Monsoon Wedding, il y a déjà 15 ans), il n'y a rien qui transcende ici. La direction artistique est colorée, la photographie soignée et c'est pas mal tout. Ce qu'on a hâte que la cinéaste retourne à un projet plus personnel!
Véritable somnifère sans fin qui utilise tous les effets convenus pour tenter en vain de recréer ce gros frisson de David qui prend enfin le dessus de Goliath, Queen of Katwe suscite au mieux l'indifférence et au pire l'écoeurantite aiguë. Combien de fois ce type de sujets donnera-t-il naissance à des longs métrages qui finissent tous par se ressembler? Il n'est question bien souvent que de changer de sports, de passions et de pays. Si seulement The Dark Horse qui a pris l'affiche plus tôt cette année au Québec avait été soutenu par un plus grand distributeur qui lui aurait donné davantage de visibilité. Parce que cet opus de la Nouvelle-Zélande contient déjà tous les éléments de Queen of Katwe en les amenant beaucoup plus loin, autant sur le plan psychologique que cinématographique.