La franchise Alien est un cas spécial dans l'histoire du cinéma. Quatre films, par quatre réalisateurs différents, sur une période de plus vingt ans, pour un statut mythique qu'on s'explique difficilement. Si le premier film, Alien, était parvenu à créer une ambiance véritablement engageante, le deuxième - la proposition verbeuse et risible de James Cameron (pourtant le plus apprécié de la série) - venait tout contredire. Même David Fincher et Jean-Pierre Jeunet ont proposé leur variation sur ces créatures extra-terrestres terrifiantes qui n'ont jamais représenté autre chose que ce qu'elles sont. Et puis il y a eu Alien Vs. Predator, dont on ne parlera pas...
Prometheus est meilleur que tous ces films; voilà un vrai film de science-fiction audacieux et généralement crédible, qui n'a pas de complexe de l'imposteur et qui utilise pleinement les technologies mises à sa disposition, en plus d'être porté par une histoire intrigante et habilement menée par un réalisateur d'expérience qui semble avoir une vision. C'est l'addition des qualités des quatre premiers films de la franchise sans les défauts : un mystère prenant, de l'exploration spatiale, des monstres barbares et sanguinaires. On pourrait même percevoir par moments une pointe d'ironie...
Tout ça sans xénomorphes (ou presque, ce qui nous fait dire que le lien avec les Alien est aussi forcé qu'inutile); ce sont les humains qui s'avèrent l'intérêt d'une telle histoire (au cinéma, c'est toujours le cas, ne serait-ce que par anthropomorphisme). Et quelle bonne décision de garder un épais mystère autour des « méchants », tant quant à leurs motivations qu'à leurs capacités. Tout est à découvrir, et on est agréablement surpris d'être déstabilisé par certains revirements du scénario; ce qui est de plus en plus rare au cinéma, particulièrement lors d'un blockbuster.
La présence de Noomi Rapace est aussi convaincante que rafraîchissante; voilà un visage peu connu qu'il est plus facile d'imaginer dans une quête spatiale qu'une grande vedette - un avantage dont ne bénéficie pas Charlize Theron, par exemple, qui est en plus aux prises avec le personnage le plus incohérent de tout le récit. La faiblesse du film vient d'ailleurs de là : certains personnages secondaires sont parfois peu crédibles et posent parfois des gestes douteux. Heureusement, comme d'habitude, Michael Fassbender est particulièrement convaincant dans le rôle de David.
Bien sûr, de nombreuses questions demeurent sans réponse et certaines décisions inexpliquées semblent être motivées par des impératifs qui ne nous sont pas dévoilés, mais on ne peut quand même pas reprocher à un film de ne pas avoir les réponses de la création de l'humanité, n'est-ce pas?