Project X ressemble tour à tour à un vidéo-amateur, à un vidéoclip, à un wannabe Hangover (des animaux et des nains, vraiment?), mais bien rarement à un long métrage. D'abord parce que son concept de « found footage » est bien peu respecté (disons que les portes entrouvertes sont nombreuses et opportunes), ensuite parce qu'il n'est pas assez drôle. Comprenez-moi bien : voilà un ********* de party, mais il se développe si lentement, si poliment, qu'il n'atteint sa véritable apogée que lors de vingt minutes d'enfer à la toute fin. Avant - et après - c'est plutôt maladroit.
Le « found footage » consiste à présenter le récit comme s'il était filmé de l'intérieur et qu'on avait retrouvé les images par la suite; tout au long de Project X, des personnages s'adressent à la caméra lui tendent des choses comme pour l'établir dans l'univers interne du film. Cette mécanique paraît immédiatement fausse, manipulée (comme c'est le cas, d'ailleurs), comme si on avait mal saisi le concept. Qui monte les images? Qui ajoute cette musique si parfaitement mixée, ces danseuses si habiles et si sexy? D'où, d'ailleurs, l'impression de vidéoclip.
Les jeunes acteurs ont beaucoup de charisme (pas les adultes), les filles ont de très jolis corps et la fête est épique, oui. Mais l'humour, souvent prévisible et emprunté à des dizaines d'autres films du même genre, fonctionne rarement bien. Quelques trouvailles - les plus originales, évidemment - sont cependant fort efficaces : un lance-flamme, l'hélicoptère de la télévision et les caméras de la police qui viennent ajouter un peu de dynamisme et un contrepoids à la caméra de Dex, celui qui filme dans le film. Un personnage d'ailleurs fort inutile.
Sinon, la suite de clichés de films d'ados est pratiquement accablante; on va même jusqu'à trouver un gode dans le tiroir de la maman de l'hôte, ce qui n'est plus drôle depuis au moins dix ans. L'expression consacrée parle d'une « soirée dont on se souviendra toute notre vie », mais dont la réussite est basée sur à quel point on ne se souvient de rien le matin venu. Un peu de cette insouciance aurait fait grandement de bien au récit de ce party qui l'était de toute évidence suffisamment.
La finale est tellement quétaine qu'elle en est frustrante; il y a sans doute un adolescent qui sommeille en chaque spectateur qui comprendra l'importance de ce party dans leur vie, et qui jalousera peut-être leur nonchalance; mais que tout se termine dans un happy end lui aussi forcé et factice, cela rend l'expérience futile (plus qu'elle ne l'est déjà).
Alors que Project X aurait dû être l'apologie de la débauche, de l'adolescence et de l'excès (et une célébration de la beauté du corps des femmes), il s'avère plutôt le récit prévisible d'une soirée imprévisible. D'une perte de contrôle en plein contrôle. C'est presque à dire qu'il se prend trop au sérieux avec sa caméra intradiégétique et ses thématiques importantes (coucher avec des filles, boire). Ce Project X ressemble plutôt à une opportunité ratée qu'à un nouveau film-concept révolutionnaire.