Qu'on en commun Interstellar, X-Men: Days of Future Past, Edge of Tomorrow, Mr. Peabody & Sherman et The Infinite Man qui a obtenu un succès fou à Fantasia? Ce sont tous des films de 2014 où les personnages remontent le cours du temps et qui font beaucoup d'ombre à Project Almanac, qui croupit sur les tablettes depuis près d'une année.
Cette production de Michael Bay destinée à un public adolescents reprend le schéma classique de la caméra retrouvée (re)popularisée par The Blair Witch Project et qui est servi à toutes les sauces pour indiquer un manque flagrant de budget. Qui tient la caméra? Pourquoi quelqu'un filme lorsque sa vie est menacée? Comment cette technologie fait pour fonctionner dans un monde parallèle? Pour quelles raisons les piles et les cassettes semblent sans fin? Des questions qui demeurent sans réponse. Peu importe que l'image bouge tout le temps, que le montage ne fasse aucun sens et que la mise en scène manque d'imagination. En science-fiction, on peut tout se permettre...
Tel un Christopher Nolan ou un J.J. Abrams qui se prend terriblement au sérieux, le nouveau venu Dean Israelite reprend à son compte un sujet vieux comme le monde depuis les exploits de H.G. Wells, créant au passage un compagnon de seconde classe à Project X, Chronicle et Earth to Echo. Une bande d'adolescents brillants mais un peu attardés inventent un moyen de réparer les erreurs du passé. Ils ne vont pas empêcher le 11 septembre ou éradiquer la famine, mais s'arranger pour gagner des millions de dollars, être populaires à l'école et revivre leur spectacle de musique préféré. Des motivations égoïstes qui empêchent la trame dramatique de fonctionner. Bien sûr, après une horde de rebondissements téléguidés, d'allusions branchées à Looper et Terminator et une romance indigeste qui est bien pâle à côté de la magnifique animation The Girl Who Leapt Through Time, le sérieux s'installe jusqu'à sa conclusion volontairement circulaire et répétitive. Mais d'ici là, le jeune cinéaste est incapable de maîtriser son sujet et d'en soutirer le moindre aspect novateur.
En guise de simple divertissement, le long métrage n'est guère plus efficace. Malgré un rythme soutenu, l'ennui s'installe rapidement. Les personnages s'avèrent inintéressants, leurs interprètes ne sont pas suffisamment bien dirigés pour les animer correctement et les dialogues vides de sens rivalisent avec les situations embarrassantes, à l'humour inopérant. Il y a bien une ou deux scènes plus cocasses (la vengeance de la soeur blonde sur ses rivales), une trame sonore assez recommandable et des effets spéciaux satisfaisants, ce qui compte finalement peu dans la balance.
À l'époque de La Jetée et de son remake américain 12 Monkeys, le héros utilisait la machine à voyager dans le temps pour sauver la planète. Dans Project Almanac, c'est pour séduire une belle fille. Les priorités ont changé, le public cible n'est plus le même et fondamentalement, ce n'est pas important. On ne demande pas à cette création d'être aussi songée que Primer ou de marquer sa génération comme Back to the Future. Seulement de ne pas donner l'impression d'avoir perdu deux heures de sa vie. Car il n'y a pas de machine à voyager dans le temps pour revenir en arrière et choisir un autre film. Du moins, pas encore.