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Profession menteur.
Jean-Pierre Améris semble être l’homme d’un film, « Les Émotifs anonymes ». En effet, hormis cette charmante comédie romantique à la magie indéniable, le cinéaste enchaîne les films tièdes (« Une famille à louer », « Mauvaises fréquentations », ...) et les ratés comme « L’homme qui rit ». Et ce n’est pas « Profession du père » qui va lui permettre de rehausser sa filmographie. Cette adaptation d’un roman de Sorj Salandon est toute aussi oubliable et peu avenante que les films cités précédemment. Pourtant, le sujet était digne d’intérêt et aurait pu accoucher d’un excellent long-métrage. Mais le réalisateur semble filmer son passionnant sujet de manière détachée, peu investie et, surtout, il accumule les mauvais choix.
Le souci principal de « Profession du père » réside dans son incapacité à choisir entre la comédie et le drame. L’entre-deux de la comédie dramatique apparaissait donc comme la solution pour alterner séquences amusantes et moments plus tragiques. Mais cela ne prend jamais et le film ne nous amuse jamais et a bien du mal à nous émouvoir. La substance sombre du roman est gommée au profit d’un ton plus léger qui s’adapte très mal au cœur du film : la pathologie d’un père qui phagocyte l’esprit de son fils sous le regard absent d’une mère qui ne veut rien voir. Entre mythomanie et bipolarisme, le film ne vit que lors des crises de folie du père. Et Benoît Poelvoorde a devant lui un couloir pour laisser libre cours à son jeu. Pour le meilleur et parfois le pire. Il est certes imposant et impressionnant mais parfois à la limite de la surchauffe. Et, surtout, il s’accapare chaque scène où il apparaît, ne laissant que des miettes à ses partenaires. Et quand il quitte l’écran, il y a comme un vide.
De plus, la mise en scène d’Améris semble ankylosée et amorphe. On se croirait devant un vieux téléfilm tant les images de « Profession du père » sont paresseuses et veillottes. Si l’impact de la relation toxique entre le père et son fils est plutôt bien rendu, on ne donne quasiment aucune clé de compréhension à cette folie. Ce qui met le spectateur dans une position frustrante et dubitative. La mayonnaise a du mal à prendre et les ruptures de ton, entre le côté émerveillement de l’enfant opposé au tragique des situations instauré par le père, sont maladroites et mal négociées. On est face à un film triste et terne qui ne sait pas où il va. La toute fin (qui se déroule bien après les événements principaux) donne un peu de sens et de consistance à l’ensemble mais il est déjà trop tard. La torpeur et l’incrédulité se sont imprégnés en nous devant une œuvre bancale et mal aimable.
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