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Représentant de la Hongrie aux Oscars et tout juste nommé aux Independent Spirit Awards, Préparons-nous à rester ensemble pour une durée indéterminée est un film intrigant à souhait, qui distille un lancinant climat de mystère et de romantisme.
Martha (Natasa Stork) est une brillante neurochirurgienne qui décide de quitter le New Jersey pour Budapest afin de rejoindre l'homme de sa vie. Sauf que ce dernier prétend ne pas la connaître...
Voilà un long métrage qui ne tarde pas à piquer la curiosité. Il ne faut que quelques minutes pour que l'intérêt du cinéphile soit total. Mais que se passe-t-il donc? Marta se retrouve au coeur d'un complot kafkaïen ou elle est sujette à des hallucinations. Entre un problème de santé mentale et la quête de fantômes, la frontière entre le réel et les chimères n'est pas toujours étanche.
Surtout que le scénario multiplie les ruptures de ton, débutant dans l'analyse chirurgicale plutôt froide pour se transformer lentement en quelque chose de plus magique, de plus romanesque et intuitif. Qui trouve son apogée au bout d'une heure, lors d'une filature charnelle particulièrement ensorcelante par ses va-et-vient complices.
Volontairement flou et obscur malgré une conclusion trop explicative, le récit appartient à son héroïne. C'est son regard que l'on emprunte, ses obsessions qui envahissent l'écran. L'attention demeure constamment sur Natasa Stork qui le rend bien. La caméra ne se prive pas de l'accompagner un peu partout, se rapprochant régulièrement de son visage afin que ses yeux dévoilent l'émotion et les surprises en place.
Il ne faut d'ailleurs pas se surprendre qu'elle ressemble autant à Juliette Binoche et à Irène Jacob. L'ombre du grand Krzysztof Kieslowski plane sur cette production. Pas tant ses considérations politiques, sociales et humanistes que son apport métaphysique et cette façon bien à lui de bouleverser le mélo quotidien par le destin.
Évidemment, la cinéaste Lili Horvath ne propose pas un projet aussi ambitieux. Celle que l'on a découverte dans l'étonnant White God de Kornel Mundruczo offre une seconde réalisation plus ludique, ponctuée de miroirs et d'espaces vides afin de bien retransmettre l'état psychologique - dualité, solitude - de son personnage principal.
C'est toutefois l'exquise photographie de Robert Maly qui en dit le plus long sur Martha. L'utilisation du 35 mm permet non seulement de filmer avec brio cette ville unique, mais le grain semble littéralement vouloir vivre. À l'effigie de cette femme qui a parfois l'impression de rêver son existence.
Longtemps associé aux chefs-d'oeuvre de Béla Tarr et aux implacables drames hantés par la guerre (d'Istvan Szabo, de Laszlo Nemes...), le cinéma hongrois se décloisonne quelque peu avec ce suspense du coeur particulièrement captivant qui sera sûrement, un jour ou l'autre, le sujet d'un remake. D'ici là, mieux vaut toujours avoir vu le film original.