Preneurs devait initialement prendre l'affiche au printemps dernier (une période de l'année beaucoup plus profitable pour ce genre de production), mais - pour des raisons que l'on espère toujours positives, mais qui le sont rarement - le film a finalement été déplacé dans une case horaire plutôt risquée, soit la fin août (fin de l'été = retour à l'école/travail = moins de temps pour le divertissement). Il serait évidemment facile de prétendre que le distributeur, en l'occurrence Sony Pictures, en visionnant l'oeuvre de John Luessenhop l'a considérée trop faible pour une période si cruciale et rentable que le printemps et a préféré déplacer sa sortie à la fin août pour la laisser mourir dignement. Vrai ou pas, il n'en reste pas moins que Preneurs, malgré tous ses défauts scénaristiques et la pauvreté hallucinante de ses personnages, est un film d'action dans sa définition la plus élémentaire. Les coups de feu s'arrêtent uniquement lors de quelques moments épars pour se repentir sur la mort d'un policier véreux ou d'un criminel sympathique.
Lors de sa sortie de prison, Ghost propose à ses anciens partenaires d'affaires de cambrioler un camion blindé qui contient plusieurs millions de dollars. Même s'ils craignent tous une trahison, l'équipe décide de faire le coup, et ce, malgré leur politique interne qui leur interdit de faire deux vols dans la même année. Un policier, délaissant continuellement sa fille pour son travail, les poursuit et se fait un devoir personnel de les attraper.
Le récit contient beaucoup trop d'histoires parallèles pour maintenir l'attention du spectateur. À certains moments on ignore même qui sont les bons et qui sont les méchants; ce qui, dans les faits, n'est pas une mauvaise chose (briser la ligne invisible entre le camp des gentils policiers et des méchants criminels est tout à fait louable), mais quant le désordre persiste pendant plusieurs minutes, quant on ignore qui est l'individu qui s'enfuit et son motif dans l'histoire, le long métrage perd toute sa consistance, tout son intérêt.
Les scènes de combats sont généralement réalisées de manière assez dynamique - en caméra à l'épaule, avec des segments au ralenti, certains accélérés pertinents - mais la trop grande répétition du processus (les séquences d'action se succèdent d'une manière presque incohérente, cocasse même) retire tout le crédit à la compétence du résultat visuel. L'utilisation de filtres orange et bleus aurait pu donner une personnalité distinctive à l'image, mais, encore là, la sur-utilisation du procédé nuit fortement au succès global.
L'idée d'ensemble qui ressort de cette oeuvre est celle d'une tentative ratée. On semble avoir travaillé d'arrache-pied en post-production (ce qui expliquerait le délai de sortie en salles) pour tenter de rendre cette histoire pauvre et complexe - vu l'abondance de personnages -, plus intéressante, plus pertinente. Mais, malheureusement, on ne peut faire un bon film quand on a une mauvaise histoire, et ce, même si on réunit le talent Matt Dillon, Zoe Saldana, Paul Walker et Hayden Christensen. C'est l'une des vérités inéluctables du cinéma.