Ce genre de films d'adolescents où l'alcool coule à flots et où les blagues sous la ceinture abondent déçoivent généralement par leur manque d'originalité et de pertinence. La comédie Booksmart se démarque ici par son courant féministe fort et son intelligence déjantée.

Le long métrage met en scène deux protagonistes attachantes auxquelles on s'identifie très rapidement. La première est lesbienne et, bien qu'elle ait avoué son homosexualité au monde depuis deux ans, elle n'a jamais partagé son lit avec une autre femme. La seconde, qui ne possède pas le physique classique de la jeune première, est gênée d'être attirée par un garçon populaire, à la beauté classique, de son école secondaire. Les deux adolescentes partagent une amitié sans faille qu'on aime voir évoluer au fil de leurs folles aventures. 

Booksmart est le premier film de l'actrice Olivia Wilde à titre de réalisatrice. Elle nous propose un film impétueux qui ne se cache derrière aucun standard et qui assume entièrement sa désinvolture et sa féminité. Dans un genre où la bêtise gagne généralement sur le propos, la cinéaste novice parvient à élever (légèrement) notre esprit tout en l'amusant. Son film, empathique et rafraîchissant, se distingue avec panache dans un style où les femmes sont rarement les meneuses.

Les deux actrices principales, Kaitlyn Dever et Beanie Feldstein, sont le coeur et l'âme de cette charmante production. Les deux jeunes femmes possèdent une chimie incroyable et nous dévoilent une amitié sincère et invincible. Elles sont entourées à l'écran de jeunes acteurs talentueux qui brossent un portrait crédible des adolescents d'aujourd'hui. On y retrouve très peu de personnages typés et unidimensionnels, qui sont pourtant la norme habituellement dans ce genre de films d'ados.

Malgré toutes ses belles qualités et ses embardées profitables hors des sentiers battus, une ombre s'inscrit tout de même au tableau : on aurait espéré que Booksmart nous fasse rire davantage. La comédie colle un sourire sur notre visage pendant 1 h 45, certes, mais elle nous déjoue rarement. Les scénaristes (toutes des femmes) auraient pu nous surprendre davantage avec des revirements plus insolites. Les situations dépeintes dans le film, quoique souvent loufoques, s'avèrent prévisibles et la finale en guimauve, bien que touchante, n'a rien de bien révolutionnaire.

Booksmart s'élève quand même au-delà de la plupart de ses compétiteurs directs et donne une place légitime aux femmes, un geste qu'on ne saurait faire autrement qu'applaudir.