Il ne faut pas se leurrer! Le film Power Rangers s'adresse au même public cible que la série originale, soit aux enfants de 8 à 12 ans. Ceux qui ont regardé les Power Rangers étant enfants retrouveront les repères rassurants d'une franchise familière. Par contre, ceux qui, au contraire, ne connaissent pas les Power Rangers, ni trouveront ici aucun intérêt, si ce n'est que celui d'une signature particulière, rappelant certains vieux classiques cinématographiques des années 80 et 90.
L'univers de Power Rangers est tellement absurde et typé (des adolescents vêtus de costumes stretch qui combattent une méchante du nom de Rita en construisant un immense robot qu'ils font bouger comme une marionnette) qu'il est impossible de le prendre au sérieux. Le film aurait dû être approché de manière humoristique, à la façon de Guardians of the Galaxy peut-être, avec des pointes d'ironie et une désinvolture juvénile. Malheureusement, Power Rangers est bien trop solennel et dramatique. Le scénariste John Gatins a bien tenté d'insuffler quelques touches d'humour à son produit, mais, malgré toutes ses blagues de beignes (je n'ose même pas imaginer le montant qu'a dû payer Krispy Kreme pour ce gigantesque placement publicitaire!), les rires ne viennent pas.
Les personnages sont si caricaturaux (le rebelle repentant, la délinquante qui fut jadis une majorette, le garçon asperger surdoué, etc.) que le spectateur a bien du mal à s'y identifier. Comme le nombre de protagonistes est aussi particulièrement élevé (il y a 5 héros ici et pas seulement un), le cinéphile finit par se perdre dans les descriptions et portraits bâclés des personnages. Les acteurs ne sont pas non plus particulièrement doués. Dacre Montgomery (qui rappelle un Zac Efron à l'époque de High School Musical), qui interprète le leader du groupe, le Red Ranger, n'a pas le charisme nécessaire à sa tâche et RJ Cyler, qui joue l'autiste Billy et le Blue Ranger, en fait beaucoup trop pour être convaincant et attachant. Les valeurs d'amitié et d'entraide nous sont enfoncées dans la gorge avec bien peu de délicatesse. Mais, comme la subtilité n'est pas la qualité première de l'oeuvre, nous n'en sommes pas particulièrement étonnés ni froissés.
Power Rangers nous apparaît d'abord comme une version cheap de Fantastic Four, puis, vers la fin, mute en un Transformers sans Michael Bay avec 100 millions $ de budget en moins. Les costumes qui sont, disons-le, l'un des principaux intérêts de la production n'apparaissent que dans les quinze dernières minutes du film. Avant cela, les rangers n'arrivent pas à se transformer (façon d'épargner des sous?). Bien qu'ils soient comptés, il faut dire que les effets spéciaux sont très réussis. Les costumes des superhéros (ainsi que celui de la vilaine Rita) sont comparables à l'image qu'on en avait en mémoire et les robots-dinosaures sont presque aussi spectaculaires que Bumblebee et sa bande.
Somme toute, on peut dire que Power Rangers s'adresse à une élite de nostalgiques et leur jeune progéniture. Ceux qui n'ont pas regardé la série dans leur jeunesse ou joué avec les figurines s'ennuieront irrémédiablement.