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Duo haut en couleurs
Cette œuvre au goût un peu passéiste et hors du temps et à l’image volontairement vieillotte bénéficie d’un atout majeur qui fait beaucoup dans le plaisir qu’on peut avoir à la regarder. Effectivement, « Les Faussaires de Manhattan » peut compter sur un formidable duo d’acteurs qui incarne à merveille les deux passionnants personnages hauts en couleurs de cette histoire vraie. Le récit de cette arnaque littéraire n’est certes pas impressionnant ni extraordinaire sur le papier (une écrivaine ratée se met à faire des faux de la correspondance de personnalités du passé pour les vendre à des magasins spécialisés et des collectionneurs), pas plus qu’elle l’est en pratique sur le grand écran. Il est clair que ce n’est forcément pas aussi spectaculaire qu’un casse de banque ou un vol de bijoux. Mais la personnalité de cette Lee Israel, femme misanthrope et antipathique, le contexte dans lequel elle évolue et sa rencontre avec Jake Hock font tout le sel du film. L’intérêt est donc ailleurs et l’entourloupe n’est qu’une toile de fond à une étude de caractère doublée d’une étude relationnelle.
Marielle Heller a misé sur un scénario écrit avec soin où la psychologie du personnage principal est bien fouillée. Elle se dessine doucement, par petites touches, jamais tirée à gros traits. Au point que cette personne ne devienne pas désagréable mais que le spectateur va même jusqu’à éprouver une certaine empathie pour elle. Melissa McCarthy, dans un contre-emploi parfait, excelle en peau de vache solitaire au fort caractère qui rejette son mal-être sur les autres et la société. Son comparse Richard E. Grant est tout aussi excellent en vieux gay désœuvré sur le retour. Un duo mémorable pour un long-métrage à la fois triste et drôle sans que l’humour prenne le pas sur le drame et inversement et qui passe à une vitesse folle tant on s’attache à ces personnages.
Il se dégage une étrange et certaine nostalgie dans « Les Faussaires de Manhattan », comme le souvenir d’une époque révolue où ordinateurs et cellulaires n’avaient pas encore montré le bout de leur nez. La peinture d’un New York automnal et hivernal est enrobée d’un charme suranné, renforcé par le jazz en fond sonore. Ce qui étonne ici c’est que rien d’extraordinaire ne nous est raconté, c’est la peinture d’une solitude, d’une rancœur et d’une vie ratée mais racontée de manière sobre et attachante qui rend toute cette histoire anecdotique intéressante. Il n’y a vraiment rien à jeter, c’est juste très classique et certes pas inoubliable. Mais le rythme, l’interprétation et un côté suranné font de ce petit film profondément attachant un petit plaisir de cinéma tout fait respectable.
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