Il n'y a pas plus protecteur qu'un père. Et pas seulement dans les suspenses d'action qui mettent généralement en vedette Liam Neeson. Depuis le classique It Happened One Night de Frank Capra, papa est souvent là pour se dresser devant l'ami de coeur de sa fille. Cela se poursuit dans Why Him? où la figure paternelle de la famille (Bryan Cranston) prend en grippe le riche et vulgaire amoureux (James Franco) de sa progéniture.
L'histoire ressemble comme deux gouttes d'eau à Meet the Parents, cette délicieuse comédie avec Ben Stiller et Robert De Niro. Sauf que cette fois le capital de sympathie va envers le pauvre père. Normal, le long métrage de 2000 a été scénarisé par John Hamburg qui agit ici en tant que réalisateur. Si l'on doit à ce cinéaste la mise en scène du sympathique I Love You, Man et le scénario du jouissif Zoolander, il s'est également commis dans de très mauvais films, autant derrière la caméra (Along Came Polly, Safe Men) qu'à l'écriture (Meet the Fockers, Little Fockers, Zoolander 2). Le voilà qui touche le fond avec le misérable Why Him?.
Les temps ont changé et il faut absolument le constater. Cette maxime que ne cesse de répéter un personnage s'applique parfaitement à ce navet en puissance. Pourquoi la formule fonctionnait-elle si bien sur Meet the Parents alors qu'elle est simplement indigeste 16 ans plus tard? Tout est question de gags réussis, de subtilité et de bons comédiens habilement dirigés, ce qui fait cruellement défaut dans le cas qui nous intéresse.
La première farce ratée - une parmi tant d'autres - éclaire pourtant sur la suite. Il est question d'une discussion sur des couilles et ensuite on aperçoit quelque chose qu'on ne devrait pas voir. Dès le début, le long métrage veut prouver qu'il est vulgaire et politiquement incorrect. Il répètera cette farce inlassablement en y ajoutant encore plus de sous-entendus sexuels, de l'urine, du sperme et quoi d'autre encore. Bien entendu, il n'arrive pas à choquer ou même à amuser, parce que tout a déjà été fait en bien plus drôle.
Plus cette production consternante avance et plus les situations deviennent idiotes et hors de contrôle, jusqu'à un happy end complètement tiré par les cheveux où les ennemis se transforment sans raison logique en amis. Une scène de toilette doit bien durer cinq minutes. La marijuana a un effet aphrodisiaque chez une femme et les malaises se succèdent en regardant la pauvre interprète s'exécuter. Déjà qu'il n'y a aucun rythme et que la réalisation est complètement anonyme, si en plus on vient saboter le travail des acteurs...
La comédie n'a jamais été la tasse de thé de Bryan Cranston. À moins que les cinéphiles tordus considèrent Breaking Bad comme une série humoristique. Malgré tout son talent et sa période de réchauffement dans le cocasse Trumbo, il est complètement laissé à lui-même, livrant une de ses pires prestations en carrière. Davantage horripilant encore est James Franco qui en fait des tonnes. À petite dose cela va (il était hilarant dans The Night Before) ou si le rôle l'exige (comme dans Spring Breakers). Quand ce n'est pas le cas, le pire peut arriver et il arrive constamment. On espère pourtant toujours que sa gang - celle de Judd Apatow ou des jubilatoires The Interview, This is the End et autres Your Highness - vienne à sa rescousse. C'est peine perdue. Tout autant que de voir Zoey Deutch potable à l'écran une fois dans sa vie (elle est aussi vide que dans Dirty Grandpa). Sur une bonne lancée depuis Storks et le si charmant Don't Think Twice qui n'est malheureusement jamais sorti au cinéma au Québec, l'humoriste Keegan-Michael Key est également contraint aux stéréotypes. Il offre cependant un des rares moments agréables de l'ouvrage, créant un duo improbable avec Franco qui semble provenir tout droit d'un vieil épisode de Pink Panther.
En rivalisant de médiocrité avec le récent Bad Santa 2, Why Him? rappelle comment il semble être difficile de pondre un film drôle et divertissant pour le temps des fêtes sans verser dans la vulgarité crasse. Personne ne s'attend que cette création soit intelligente. Tout ce qu'elle devait faire, c'est d'être efficace et de faire sourire. C'est déjà trop demander à ce détritus exécrable qui n'avait aucune raison de voir le jour.