Il sera facile pour les artisans de ce film optimiste de se cacher derrière le prétendu « bon goût », derrière le trop simple « succès populaire », pour justifier les nombreux raccourcis et la mièvrerie de ce conte pour enfants qui est dédié à la simplicité, et qui ne propose de ce fait rien qui soit le moindrement stimulant pour quiconque aurait 9 ans et plus. Rêver de jouer dans la Ligue Nationale, c'est une chose... surtout façon Walt Disney.
William Lanctôt-Couture et ses parents viennent d'emménager dans un nouveau quartier, et William doit joindre une nouvelle équipe de hockey. Pendant que son père se consacre à un documentaire sur le Canadien de Montréal, la mère de William travaille à l'Hôpital Sainte-Justine auprès des enfants malades, où elle prend soin de Daniel, 10 ans, en attente d'une greffe de rein. En se liant d'amitié avec Daniel et avec Gerry, le responsable de l'entretien au Centre Bell, William verra sa passion pour le hockey renouvelée.
Cette étrange collusion familiale (il faut une solide coïncidence pour que papa travaille justement sur un documentaire sur le Canadien et que maman doive s'occuper d'un petit garçon passionné par l'équipe dont le rêve (imaginez donc!) est d'aller voir un match au Centre Bell, pendant que fiston se lie justement d'amitié avec le très gentil et philosophe sur les bords conducteur de la zamboni) ne fait qu'accentuer l'idée que le scénario de Pour toujours les Canadiens a été bâclé. La réalisation le sert bien, dans les limites de ses moyens, en appuyant efficacement les moyens moments tendres de quelques effets spéciaux utilisés avec parcimonie. On se voit même enivré, à certains moments, par les quelques minutes de hockey. Le documentaire intra-filmique, malgré sa grandiloquence, est effectivement fort intéressant, mais tout aussi mal intégré à la fiction que le reste.
Les comédiens présents se tirent plutôt bien d'affaire, à l'exception de quelques formalités du dialogue qui l'alourdissent inutilement. Si bien que la langue utilisée dans le film, trop rigoureuse, devient irréelle. Les messages d'espoir, clins d'oeil au ralenti inclus, prodigués en français par l'ancien capitaine du Canadien sont d'une accablante simplicité qui confirme encore une fois qu'on a choisi la voie la plus facile, en usurpant le droit de décider du public, pour mener à bien ce beau petit projet aux ambitions rassembleuses et imposer la théorie du « c'est bon parce que c'est beau ».
Le Centenaire des Canadiens offrait le prétexte idéal pour ce film « inspirant ». Le fameux « feel-good movie », que les gens normaux savent reconnaître pour ce qu'il est : juste du bon vieux, old-fashioned-Maurice-Richard-style, divertissement, rien de plus, simple, efficace, grand public. Comme si le public en question, trop attendri par les enfants malades, laissait à la maison cet esprit critique qui lui permet de décréter une fois par mois que « ce film est mon meilleur film à vie ».
Il y a presque régulièrement, dans cette incompréhension entre critique et public, un profond malentendu qui tient en quelques mots : ce film est-il bon, ou est-il réussi? Pour toujours Les Canadiens est certainement un film réussi, c'est-à-dire qu'il atteint ce qu'il souhaitait atteindre, qu'il réussit ce qu'il voulait réussir. Pour faire enfin l'analogie de hockey obligatoire : on ne demande pas aux joueurs de quatrième trio de marquer 30 buts par saison. Cela dit, il faudrait plutôt s'inquiéter à savoir si l'intention était bonne... mais c'est un autre débat.