Le Canadien de Montréal est devenu une institution prestigieuse pour les Québécois, voire un symbole de fierté, un emblème de réussite (ou, du moins, l'a déjà été). En produisant un long métrage sur cette illustre organisation, on pouvait s'attendre à des images faisant renaître cette flamme nationaliste si présente à l'époque de Maurice Richard - ou du moins que l'on rappelle certains souvenirs aux vétérans, tout en attirant l'attention des profanes - mais le résultat en est tout autrement. Baigné dans un esprit de futilité, le film de Sylvain Archambault est divertissant, certes, mais tellement prévisible et complaisant qu'il frôle parfois le ridicule.
Deux destinées se croisent : celle du petit Daniel, hospitalisé à l'hôpital Sainte-Justine en attente d'un rein et celle de William Lanctôt-Couture, joueur de hockey pour le Collège Français, qui se questionne sur l'importance du hockey dans sa vie. Daniel est un vrai fan du Canadien et William tentera de lui remonter le moral en lui procurant certains cadeaux à l'effigie de son équipe préférée, grâce à l'aide bienvenue de son nouvel ami Gerry, le chauffeur de zamboni. William se risquera ultimement à convaincre les médecins de pouvoir amener Daniel voir un match de hockey au Centre Bell, malgré sa condition.
Le seul fait de lire le synopsis et déjà on entend la musique salvatrice, les dialogues réconfortants (et puérils) ainsi que la morale inéluctable du « tout est possible quant on y croit vraiment ». Chaque scène est parfumée par cet effluve insupportable d'eau de rose, agrémentée d'une touche, presque gênante, d'optimisme. Le jeu pertinent des acteurs vient heureusement pondérer ce tableau aux allures jusqu'ici du merveilleux monde des Calinours (on s'attend presque à voir les joueurs se frotter la bedaine en descendant un arc-en-ciel bleu, blanc, rouge). Antoine L'Écuyer, que l'on s'habitue maintenant à voir au grand écran, et Dhanaé Audet-Beaulieu donnent une performance efficace, sans exagération.
La partie documentaire, qui se voulait un segment important du film, rappelant les grands évènements de l'organisation, est insérée maladroitement dans la fiction. Plusieurs scènes sont tronquées pour laisser place à de l'information, assurément pertinente, mais qu'il aurait été plus convenable d'incorporer aux dialogues. Des effets spéciaux, comme des cartes de hockey volantes sous un halo divin, sont présents à quelques reprises dans le film, mais sont si inadéquats et insignifiants dans la narration que même s'ils sont réalisés avec précision, on souhaite les oublier.
Malgré tous ces défauts Pour toujours les Canadiens a quand même le mérite d'être réalisé avec sagesse et honnêteté. L'attachement et l'admiration que les Québécois ont pour leur club de hockey sont bien représentés, même si la « déification » des joueurs ou la comparaison implicite entre la coupe Stanley et le Saint Graal sont pour le moins déconcertantes. Certains choix scénaristiques sont aussi bien intéressants, comme les chauffeurs de taxi de différentes nationalités qui échangent leurs opinions sur le sport des Québécois, tout en commentant certaines thématiques développées dans le film.
Un divertissement efficace, peut-être, mais tellement romancé et décoré de louanges qu'il s'affadit rapidement et perd tout intérêt. Peut-être le film est en fait comme le Canadien présentement : il fait de son mieux mais est encore bien loin de la coupe...